PRATIQUES PROMETTEUSES
Un balado sur la santé mentale et les dépendances

Épisode 1 : Yukon

Épisode 1 : Centres de services pour le mieux-être et la lutte contre l’alcoolisme et la toxicomanie (YK)

12 mars 2021 – Ces centres de services sont issus d’un programme mis sur pied en collaboration avec des partenaires des Premières Nations du Yukon, des communautés et des citoyens, et visent à offrir des soins près de leur lieu de résidence. Ces centres ont comme objectif que tous les Yukonais, sans égard au lieu où ils vivent, aient rapidement accès à de l’aide en santé mentale et dépendances, où qu’ils soient et peu importe ce dont ils ont le plus besoin.

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Loretta O’Connor : Bienvenue à ce premier des 13 épisodes de la série de balados sur la santé mentale et les dépendances, intitulée Pratiques prometteuses. Cette série est une initiative des premiers ministres des provinces et territoires et vise à faire connaître l’innovation et à échanger sur les pratiques prometteuses qui ont cours dans les provinces et les territoires. Dans chaque épisode, nous vous présenterons des experts en la matière qui vous permettront d’en savoir plus sur les pratiques et les programmes novateurs dans ce domaine. En vous communiquant cette information, nous espérons améliorer la façon dont les organismes gouvernementaux et non gouvernementaux abordent les questions de santé mentale et de dépendances.

Je suis Loretta O’Connor, directrice générale du Secrétariat du Conseil de la fédération, un organisme qui soutient le travail des premiers ministres des provinces et territoires. Comme de nombreux Canadiens, je connais plusieurs personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale et de dépendances. Il s’agit d’une réalité partagée par un grand nombre d’entre nous au quotidien.

J’aimerais rappeler à tous ceux qui nous écoutent que si vous connaissez quelqu’un qui a besoin d’aide, ou si vous-même en avez besoin, des ressources sont disponibles. N’hésitez pas à demander de l’aide si vous en avez besoin.

Aujourd’hui, pour commencer notre série, nous sommes au Yukon, le territoire le plus à l’ouest du Canada, qui partage une frontière avec l’Alaska. Le Yukon abrite 14 Premières Nations et environ 25 % de sa population est autochtone.

Comme nous le savons tous, la santé mentale et les dépendances sont des questions complexes qui ont des répercussions sur plusieurs d’entre nous. Selon le Centre de toxicomanie et de santé mentale, un Canadien sur cinq vivra un jour des problèmes de santé mentale ou de dépendances. Et les mesures adoptées pour protéger les Canadiens contre la COVID-19 ont contribué à mettre encore davantage en évidence cette problématique.

Les résidents du Yukon vivent des difficultés particulières en matière d’accès aux services de santé mentale et de dépendances. À l’extérieur de la capitale de Whitehorse, les communautés sont de petite taille et relativement isolées. L’un des avantages de cette situation est que les communautés sont tissées très serrées et peuvent offrir de l’aide. Mais d’un autre côté, l’absence d’anonymat et le manque de vie privée peuvent constituer des obstacles pour les personnes qui tentent de trouver des ressources.

Aujourd’hui, nous allons en entendre un peu plus sur l’expérience du Yukon avec les Centres des services pour le mieux-être et la lutte contre l’alcoolisme et la toxicomanie. Écoutons d’abord le premier ministre du Yukon, Sandy Silver.

Ceci est une traduction du message livré par le premier ministre du Yukon, Sandy Silver. Ses propos ont été enregistrés en anglais.

Sandy Silver : Bonjour. Je suis Sandy Silver, premier ministre du Yukon. Le premier ministre Scott Moe, de la Saskatchewan, et moi-même avons travaillé avec les premiers ministres des provinces et territoires afin de lancer cette série de balados intitulée Promising Practices, ou Pratiques prometteuses. Nous espérons que cette série stimulera l’innovation et aidera à vaincre les préjugés entourant les problèmes de santé mentale et de dépendances, et aidera aussi à attaquer le problème de front et à faire connaître les pratiques encourageantes déjà en place dans chaque province et territoire qui fait part de ses solutions innovantes. Je suis donc très heureux d’amorcer la série et d’ouvrir cet important dialogue avec les Canadiens à partir du territoire traditionnel de la Première Nation Kwanlin Dün et du conseil Ta'an Kwäch'än.

Bien des choses ont changé depuis que le premier cas de COVID-19 a été déclaré au Canada, en janvier 2020. Plusieurs des mesures de santé publique mises en place pour assurer notre sécurité ont eu des répercussions immenses sur notre façon de vivre. Et contrairement aux autres situations d’urgence, personne n’est à l’abri des conséquences de la COVID-19. Le virus continue d’avoir des effets sur tout ce que jadis, nous tenions pour acquis – serrer quelqu’un dans nos bras, célébrer ensemble un événement important ou nous réunir pour pleurer un être cher. Ces gestes simples sont souvent impossibles de nos jours. Ajoutons à cela notre économie qui n’a eu d’autres choix que d’innover. Et encore aujourd’hui, des entreprises de nos communautés doivent lutter pour survivre. D’un océan à l’autre, les Canadiens ont appris comment faire face à la pandémie et, souvent isolés de leur famille, de leurs amis et de leurs réseaux de soutien, plusieurs traversent une période difficile, se sentent isolés, dépassés par les événements et incertains à l’égard de l’avenir, ou se demandent si les choses reviendront un jour à la normale.

Plus que jamais, nous devons parler de santé mentale et des moyens de normaliser nos combats à cet égard. Nous devons apprendre les uns des autres. Et nous devons trouver des moyens de composer avec les situations sans précédent qui sont les nôtres. Dans mon cas, comme premier ministre, j’ai dû par exemple devoir prendre des décisions comme annuler les Jeux d’hiver de l’Arctique : ce fut l’une des premières mesures que nous avons dû prendre. Ce sont là des situations entraînant un stress psychologique auquel personne ne s’attend. Quand vous consacrez vos journées à gouverner, vous faites tout ce que vous pouvez pour rester stoïque. Vous faites de votre mieux pour demeurer fort pour les autres. Et c’est lorsqu’arrivent des événements comme ceux-là dans votre vie personnelle, dans ces circonstances, que vous êtes directement touchés par ce stress psychologique.

Vous savez, je suis né en Nouvelle-Écosse et la tuerie [de Portapique] m’a réellement bouleversé. Ces gens ne méritaient pas ce qui leur est arrivé. Il m’est facile de me rendre à mon travail, de rester fort et stoïque, mais quand un événement de ce genre survient dans votre vie personnelle ou, par exemple, que vous voyez d’autres gens qui éprouvent des difficultés, c’est dans des moments comme ceux-là qu’on se rend compte que nul n’est à l’abri, durant la pandémie de COVID que nous traversons, des difficultés ou des troubles de santé mentale. Je suis extrêmement privilégié – je peux compter sur un réseau de soutien, sur des amis et sur ma famille. Mais vous savez, il y a une chose pour laquelle les Canadiens doivent s’unir et mener le combat. Et ce moment est venu. Nous devons nous serrer les coudes maintenant. Pour la santé mentale, surtout durant cette année marquée par la COVID-19.

Ici, au Yukon, nous sommes des gens fiers. Nous sommes très fiers de la richesse de notre culture, de la beauté de notre nature, de la chaleur et de l’hospitalité des gens qui vivent sur le territoire. Nous aimons profondément la nature sauvage et reculée qui abonde sur le territoire et nous chérissons aussi nos communautés bien vivantes. Mais parfois, tout cela peut être difficile. Les hivers peuvent être très longs et très sombres. Vivre dans une communauté éloignée peut faire en sorte que vous vous sentiez seuls et isolés. Les Yukonais sont des gens résilients, mais ils ne sont pas invincibles. Nous ne sommes pas immunisés contre les problèmes de santé mentale ou de dépendances ni contre d’autres difficultés. Et les services pour soutenir les Yukonais en cette période difficile sont plus importants que jamais.

Pendant longtemps, les Yukonais ont eu un éventail de choix très limité en matière de services de santé mentale. Il était extrêmement important pour moi et mon équipe d’augmenter les services pour les Yukonais et de nous assurer que les services disponibles tiendraient compte de la personne dans sa globalité, et non pas simplement de certains aspects de leur santé.

Voilà pourquoi nous sommes si fiers de présenter les Mental Wellness and Substance Use Hubs, les Centres des services pour le mieux-être mental et la lutte contre l’alcoolisme et la toxicomanie, dans le cadre de ce premier épisode de la série Promising Practices/Pratiques prometteuses. Ces centres sont issus d’un programme mis sur pied en collaboration avec des partenaires des Premières Nations du Yukon, des communautés et des citoyens, et visent à offrir des soins près de leur lieu de résidence. Le Yukon comporte quatre centres, avec des intervenants qui vivent et travaillent dans sept communautés. Notre objectif est de faire en sorte que tous les Yukonais, sans égard au lieu où ils vivent, aient rapidement accès à de l’aide en santé mentale et dépendances, où qu’ils soient, et quels que soient leurs besoins prioritaires.

Il s’agit là d’une nouvelle initiative et nous sommes à la recherche de pratiques exemplaires de partout au Canada, que nous pourrons appliquer afin de voir ce qui fonctionne et ce qui convient un peu moins. Cette équipe multidisciplinaire comprend des intervenants, des travailleurs de soutien et du personnel infirmier en santé mentale. Ces gens travaillent ensemble pour venir en aide à des adultes, des enfants, des adolescents et à toutes les personnes qui en ont besoin – chaque personne et chaque communauté est différente. Par conséquent, les membres de cette équipe travaillent tous en vertu du principe qu’il n’y a pas d’approche universelle. Et les équipes collaborent avec les gouvernements des Premières Nations afin de définir les besoins particuliers des communautés en vue de mettre sur pied des services adaptés à chaque communauté et à chaque personne, et d’apporter des solutions à leurs problèmes.

Ces équipes font un travail extraordinaire et j’espère que vous apprécierez le récit qui les concerne, qui parle de leur programme important, axé sur la collaboration. Je suis extrêmement fier des gens qui œuvrent dans ces communautés et j’espère que l’information qui est livrée dans ce balado sera utile et apportera un peu de réconfort aux Canadiens en cette période difficile. Nous sommes ensemble contre la COVID-19 et c’est ensemble que nous allons gagner ce combat. Il est important aussi de devenir meilleurs en tant que communauté et en tant que nation, parce que c’est ensemble que nous avons poursuivi notre lutte. Et nous ne pourrons y arriver qu’en partageant des récits comme ceux-là.

Nous espérons que vous vous abonnerez à la série Promising Practices/Pratiques prometteuses, peu importe à partir de quelle plateforme vous nous écoutez, ou à partir du site Web du Conseil de la fédération. Ensemble, mettons fin aux préjugés entourant les problèmes de santé mentale. Partageons nos histoires. N’hésitons pas à demander de l’aide. Et surtout, n’oublions jamais que nous ne sommes pas seuls.

Loretta : C’était là une excellente présentation des pratiques prometteuses dont nous discuterons aujourd’hui, et pour nous en dire plus sur les Centres des services pour le mieux-être et la lutte contre l’alcoolisme et la toxicomanie, écoutons maintenant Rob Furlong, du ministère de la Santé et des Affaires sociales du Yukon.

Ceci est une traduction d’un balado qui a été enregistré en anglais.

Rob Furlong : Je vous remercie. Je suis accompagné de Mary Vanstone, directrice des Services pour le mieux-être mental et la lutte contre l’alcoolisme et la toxicomanie du gouvernement du Yukon. Bienvenue à la baladodiffusion Mary.

Mary Vanstone : Je vous remercie.

Rob : Vous occupez votre poste actuel depuis un peu plus de trois ans maintenant. Qu’est-ce qui vous a incité à vous installer au Yukon?

Mary : J’ai grandi dans une petite collectivité forestière sur l’île de Vancouver et j’ai passé la plus grande partie de ma carrière dans des collectivités rurales éloignées où les populations des Premières nations sont plus nombreuses. Et j’aime vraiment travailler avec des petites localités. Il y a beaucoup de projets communautaires et de collaborations significatives. C’est un changement qui peut se produire rapidement. La taille réduite de la population à desservir signifie que nous sommes en mesure de tirer profit des occasions et d’être plus flexibles dans la prestation de nos services. De plus, vous ne pouvez pas battre la beauté du Nord.

Rob : En effet. Et ce n’est pas comme faire faire un demi-tour au Titanic, ce qui est parfois le cas dans d’autres localités.

Mary : Absolument pas. Il est certainement plus facile d’apporter des changements importants malgré les restrictions financières.

Rob : Avant d’aller plus loin, j’ai pensé vous faire entendre quelques commentaires d’Allison Kormendy, qui est l’une de nos partenaires de la Première nation des Tr’ondëk Hwëch’in, qui se trouve à Dawson, à environ cinq heures au nord de Whitehorse. Elle va nous donner un peu de contexte sur la vie dans une petite collectivité et ce que cela signifie en matière de services de mieux-être mental et d’accès à ces services.

Allison Kormendy : Bonjour, je m’appelle Allison Kormendy. Je suis née et j’ai grandi à Dawson, au Yukon, et je suis actuellement directrice du mieux-être pour le gouvernement des Tr’ondëk Hwëch’in. Grandir dans le Nord a certainement ses avantages. Mais, il y a aussi des défis, et il ne faut pas avoir froid aux yeux, surtout quand on parle de mieux-être mental. Vivre en milieu rural, dans de petites collectivités nordiques où les services de mieux-être mental sont limités, voire inexistants, a été une source de souffrance pour beaucoup de personnes. J’ai non seulement aidé de nombreuses personnes qui recherchent un mieux-être mental, mais j’en ai aussi fait l’expérience moi-même. Je connais les défis individuels que représente le fait de demander de l’aide et les difficultés possibles pour recevoir cette aide. La plupart des obstacles que j’ai vus ne sont pas seulement les services limités offerts dans les petites collectivités, mais aussi le transport vers d’autres localités qui offrent ces services et le fait d’être mis sur une liste d’attente en raison des besoins criants. De plus, pour beaucoup de personnes, la possibilité de quitter leur collectivité n’est pas toujours une option. Le centre de services de mieux-être mental et de toxicomanie du gouvernement du Yukon est sur la bonne voie pour étendre ces services aux collectivités rurales du Yukon où les gens peuvent facilement y accéder en cas de besoin. J’ai vu le gouvernement du Yukon embaucher des conseillers cliniciens autochtones locaux spécialisés dans les traumatismes intergénérationnels complexes, et pour mieux aider nos citoyens, j’ai joint leur équipe au centre de Dawson, qui compte notamment des travailleurs de soutien et un infirmier en santé mentale. En travaillant avec les Tr’ondëk Hwëch’in pendant de nombreuses années ainsi qu’avec les hôpitaux du Yukon, j’ai constaté la nécessité et la hausse de l’offre de formations, de la sensibilisation à la culture et de la sécurité culturelle comme un élément crucial pour les prestataires de services dans nos collectivités. Cela permet non seulement de mieux comprendre nos communautés, mais aussi de soutenir les prestataires de services qui effectuent ce travail important. J’ai vu ce modèle utilisé et il fonctionne lorsqu’il s’agit de défis et de changements systémiques. J’ai une formation en santé holistique qui, pour moi, est directement liée à notre mode de vie traditionnel. Lorsque nous subvenons à nos besoins et à ceux de nos citoyens à partir d’un modèle traditionnel holistique, nous faisons de notre mieux pour aller à la source du problème qui a causé des difficultés en matière de mieux-être mental. Unir nos enseignements traditionnels aux modèles occidentaux est la clé d’une santé optimale pour nos citoyens et les communautés dans leur ensemble. Les Services pour le mieux-être mental et la lutte contre l’alcoolisme et la toxicomanie et les Tr’ondëk Hwëch’in ont établi un partenariat dans des programmes et des projets depuis la création du centre à Dawson. Je me réjouis avec espoir de notre collaboration et de l’intégration de ces deux univers afin de mieux soutenir nos collectivités en offrant plus pour les programmes des terres, davantage de ressources, et en unissant les modèles occidentaux à notre enseignement traditionnel.

Rob : Eh bien, il y a beaucoup de matière à assimiler. Absolument. C’était Allison Kormandy du gouvernement de la Première nation des Tr’ondëk Hwëch’in à Dawson.

Merci beaucoup pour ces commentaires, Allison. Il y a pas mal de matière à assimiler, Mary. Mais je pense qu’on pourrait commencer par les centres de mieux-être mental qu’elle a mentionné. J’espérais que vous pourriez nous en dire un peu plus sur ce qu’ils représentent et leur rôle.

Mary : Bien sûr. En 2018, le gouvernement actuel a décidé d’intégrer trois services distincts – les Services de santé mentale, le Bureau de lutte contre l’alcoolisme et la toxicomanie et le Service de soutien thérapeutique pour enfants et adolescents – dans une seule direction du gouvernement, les Services pour le mieux-être mental et la lutte contre l’alcoolisme et la toxicomanie. L’un des principaux objectifs de cette direction était de créer ces quatre centres aux endroits suivants : Haines Junction, Dawson, Carmacks et Watson Lake. Ces centres desservent également des sites satellites dans un plus grand nombre de petites collectivités rurales éloignées où nous avons des conseillers sur place qui fournissent des services. Enfin, les centres fournissent des soins pré- et postopératoires aux membres de la communauté qui ne peuvent pas accéder à certains services dans leur petite localité, comme les services de gestion du sevrage ou les services psychiatriques, et qui doivent se rendre à Whitehorse. Nos conseils communautaires leur fourniront des soins préopératoires et les orienteront lorsqu’ils viendront à Whitehorse pour recevoir ces services. Et après avoir obtenu ces services ici à Whitehorse, ils retournent dans leurs collectivités où ils reçoivent des soins postopératoires par l’intermédiaire de ces centres.

Rob : Avant la création de ces centres en 2018, comment les services étaient-ils fournis dans ces collectivités isolées?

Mary : Les services étaient fournis de façon itinérante, ce qui signifie qu’un clinicien se rendait dans les collectivités, fournissait des services pendant quelques jours, puis revenait à Whitehorse. Ensuite, il retournait probablement dans les collectivités entre deux semaines et un mois plus tard pour fournir d’autres services. Ce processus manquait de cohérence : il y avait une grande rotation du personnel et des personnes qui allaient fournir les services, et ce n’était certainement pas une pratique exemplaire.

Rob : J’entends donc deux choses. La première est que vous avez intégré trois directions distinctes du gouvernement en une seule. Alors, peut-être pourriez-vous me dire un peu plus pourquoi l’intégration de ces services est importante.

Mary : L’intégration des Services de santé mentale, du Bureau de lutte contre l’alcoolisme et la toxicomanie et du Service de soutien thérapeutique pour enfants et adolescents était cruciale pour assurer de bons soins, pour les enfants et les adolescents rendus à un âge les rendant inadmissibles aux services. Un écart subsistait, de sorte que beaucoup de gens étaient laissés pour compte par le système et ne recevaient pas de services jusqu’à ce qu’ils se trouvent dans une phase plus aiguë de problèmes en santé mentale, d’alcoolisme ou de toxicomanie. En ce qui concerne les problèmes de santé mentale ainsi que l’alcoolisme et la toxicomanie, ces deux domaines tendent à aller de pair. Donc, si les gens ne peuvent pas accéder aux services par la même porte pour recevoir des soins, encore une fois, ils se perdent ou font des allers-retours entre les services. Ainsi, l’intégration des services signifie que nous offrons aux gens un type de service holistique tout au long de la vie, non seulement à Whitehorse, mais aussi dans les collectivités rurales et éloignées.

Rob : Et avec les nouveaux centres de mieux-être mental, vous rapprochez le service de la maison. C’est une des principales priorités des centres, n’est-ce pas?

Mary : C’est exact. Ainsi, chacun des centres dispose d’une équipe interdisciplinaire. Il y a un infirmier en santé mentale, des travailleurs de soutien, des cliniciens pour adultes et des cliniciens pour enfants et adolescents. Ces services sont offerts au centre, mais également dans les collectivités satellites. Chaque collectivité compte également un intervenant en mieux-être mental, mais si les gens ont besoin de services spécialisés, comme un infirmier en santé mentale ou un conseiller clinicien, ces services offerts en centre le sont aussi dans ces petites collectivités. Nous ne nous attendons pas à ce que les membres de la collectivité viennent au centre pour recevoir des services. Nous allons plutôt vers eux, nous leur fournissons donc des services là où ils vivent.

Rob : Merci, Mary. Todd Pryor et Jayla Russeau-Thomas se joignent à moi pour parler un peu plus de la façon dont ces nouveaux centres de mieux-être mental fonctionnent sur le terrain ici au Yukon. Todd est gestionnaire des Services pour le mieux-être mental et la lutte contre l’alcoolisme et la toxicomanie au Yukon, tandis que Jayla est la coordinatrice du counseling culturel au gouvernement du Yukon. Bienvenue à la baladodiffusion. Eh bien, Mary est relativement nouvelle au Yukon puisqu’elle est ici depuis trois ans. Je comprends que, tous les deux, vous vivez ici depuis longtemps. Commençons par vous, Todd, peut-être pouvez-vous nous parler un peu de vous et de ce que vous faites.

Todd Pryor : Oui, merci de m’avoir invité. J’ai grandi dans le Yukon, ma famille a déménagé à Faro quand j’avais neuf ans. C’est donc une ville assez isolée, à environ quatre heures et demie de Whitehorse, et la population était de 300 à 400 personnes lorsque j’y étais. Je comprends donc très bien ce que c’est que de vivre en milieu rural, au Yukon. En grandissant là-bas, nous avions très peu de services, c’était un endroit formidable pour grandir. Mais parfois, nous n’avions pas de station-service. Donc, je ne me rappelle pas avoir vu d’accès à des services de santé mentale et de toxicomanie au sein de la collectivité. Je me réjouis donc de cette situation dans mon parcours de vie : je travaille comme directeur des Services pour le mieux-être mental et la lutte contre l’alcoolisme et la toxicomanie pour les centres communautaires. Mon travail ne consiste pas seulement à superviser les programmes dans les collectivités sur l’ensemble du territoire, mais aussi à collaborer directement avec les directeurs de la santé des gouvernements des Premières nations sur le territoire. Nous voulons ainsi nous assurer que les services offerts sont vraiment adaptés à la collectivité, et nous nous efforçons de mettre en place des programmes plus adaptés et sensibles à la culture.

Rob : Et c’est une grande transition pour vous Jayla, pouvez-vous nous parler un peu de vous?

Jayla Rousseau-Thomas : Alors, bonjour à tous. Je m’appelle Jayla, et je suis une femme anishinabek. J’ai le privilège d’être la coordonnatrice du counseling culturel auprès des Services pour le mieux-être mental et la lutte contre l’alcoolisme et la toxicomanie. Je suis née et j’ai grandi ici à Whitehorse, et j’ai obtenu mon baccalauréat en travail social ici même au Collège du Yukon ainsi que ma maîtrise en travail social à l’University of Calgary, ce qui est ennuyeux, mais qui m’a permis de soutenir les personnes que j’ai vues, dans mon enfance, avoir des difficultés à interagir avec le système. En tant que femme autochtone, survivante intergénérationnelle des pensionnats autochtones de troisième génération, j’ai vu la méfiance chez les membres de ma famille, mes amis et les personnes avec lesquelles j’ai grandi et leurs difficultés pour accéder aux services. Et souvent, le ton de voix utilisé faisait en sorte qu’à moins d’être vraiment mal pris, on ne demandait pas d’aide, on ne consultait personne, on ne laissait pas les autres savoir ce qui se passait, on gardait ses problèmes pour soi. Il est donc très important de pouvoir travailler avec Todd et Mary, et de contribuer au mieux-être mental dans son ensemble ainsi que dans les centres. Cela apporte un certain réconfort aux gens qui peuvent ainsi accéder aux services d’une manière qui a du sens et qui est pertinente pour eux : selon leur situation et leur provenance.

Todd : Je pense que vous avez dit quelque chose qui rejoint vraiment ce que je fais dans le cadre de mon travail. Et le rôle des services de mieux-être mental et de lutte contre l’alcoolisme et la toxicomanie dans l’ensemble du territoire renvoie aux termes confort et confiance. Nous devons être en mesure de fournir un service dans ces collectivités rurales éloignées, et les gens doivent nous faire confiance et faire confiance aux personnes qui travaillent en leur nom et qui les aident à répondre à leurs besoins en matière de mieux-être mental et de toxicomanie. Je pense que la collaboration avec les partenaires communautaires, en particulier les gouvernements des Premières nations, est vraiment la clé pour commencer à instaurer cette confiance.

Rob : Et j’imagine que le fait que des travailleurs en santé mentale vivent réellement dans la collectivité, qu’ils fassent partie de la vie quotidienne, contribue à établir cette confiance.

Todd : C’est ce que je pense. Avant l’intégration de tous les différents services, j’étais l’un des conseillers qui faisaient l’aller-retour dans les différentes localités du Yukon. Vous êtes là et vous voyez vos clients, puis vous partez, et vous ne faites pas partie de cette communauté. Vous ne participez pas, de près ou de loin, à la vie communautaire. Alors comment créez-vous ces liens?

Jayla : Je pense qu’il est important de reconnaître qu’il peut y avoir des défis à relever dans ce que nous souhaitons : des personnes qui vivent, travaillent et se divertissent dans les collectivités et qu’elles s’y investissent. Mais, nous vivons aussi dans un endroit très petit. Ce n’est donc pas comme vivre dans une grande ville comme Edmonton où l’on peut faire ses courses à un endroit et travailler ailleurs, tout se fait dans le même lieu. Ainsi, la personne que vous voyez au centre de santé peut aussi se retourner et vous consulter pour avoir accès aux services. Ou, si vous vous rendez à l’un des rassemblements sur les terres et discutez avec une personne, elle peut se sentir plus à l’aise et venir vous voir plus tard pour obtenir plus de services de soutien. Ça joue donc vraiment dans les deux sens. Et c’est un défi supplémentaire pour nos cliniciens ainsi que pour les personnes faisant partie de la collectivité qui doivent apprendre à jongler avec ça.

Todd : Je pense que ça va dans les deux sens. Je pense que c’est un point très important. En tant que conseiller, travailleur de soutien ou infirmier en santé mentale déployé au sein d’une collectivité comptant, disons, moins de 100 à moins de 1000 personnes, tout ce que vous faites attire certainement l’attention, parce que vous êtes cette personne à qui les gens parlent de leurs préoccupations. Mais vous avez aussi une vie en dehors de votre travail. Et vous devez faire partie de la communauté. Où trouvez-vous cet équilibre? Je pense qu’il est très important de participer à des camps ou à des initiatives sur les terres. J’ai parlé avec l’un des directeurs de la santé sur le territoire. Selon les directeurs, c’est l’une des expériences éducatives les plus importantes que les nouveaux employés qui arrivent peuvent avoir pour connaître la culture sur le terrain, au sein de la communauté où ils vont vivre, travailler et se divertir.

Rob : Vous pourriez peut-être parler un peu à nos auditeurs de ces programmes des terres, car ils sont traditionnellement mis en place par les gouvernements des Premières nations et nous les soutenons.

Todd : Oui, nous cherchons vraiment à apporter notre soutien autant que possible. C’est généralement à la demande du gouvernement de la Première nation, par l’intermédiaire des liens que nous tentons d’établir tous les jours dans notre travail au sein des communautés. Et nous ne sommes certainement pas des experts dans les méthodes de guérison traditionnelles ou des modes de vie traditionnels, nous voulons contribuer avec nos connaissances du point de vue occidental, avec notre expertise dans les services de mieux-être mental et de toxicomanie. Nous voulons aussi aller dans la collectivité pour connaître la culture et faire partie de la communauté pour instaurer la confiance et établir des liens dans un lieu sûr et pertinent sur le plan culturel.

Jayla : Ce qui est vraiment merveilleux dans les camps de base des terres organisés ici au Yukon, c’est que chaque Première nation peut les adapter de la manière qui lui convient le mieux. Ainsi, s’ils ont un système de clans différent ou des pratiques différentes dans d’autres domaines, ils peuvent s’assurer que leurs camps en tiennent compte et y apportent leurs enseignements traditionnels. Et donc, encore une fois, l’importance d’avoir un travailleur qui se trouve principalement dans une seule communauté, cela peut être bien compris et permettre de rendre les membres de la communauté plus à l’aise. De plus, grâce aux centres, les travailleurs en mieux-être mental et en toxicomanie interviennent pour dire qu’ils peuvent jouer un rôle dans la situation que vous vivez. Et nous ne sommes pas l’ensemble du casse-tête. Parfois, on met en place un camp de base sur les terres, parfois, les gens sortent du Yukon pour être traités avec ce qui leur paraît sensé. Quels sont leurs besoins? Ensuite, comment pouvons-nous les aider à répondre à ces besoins ou à les chercher ailleurs de manière créative?

Rob : Et cela va dans le sens des propos tenus par Mary plus tôt, à savoir qu’il ne s’agit pas d’une approche universelle. Si je comprends bien, chacun des centres peut être différent en matière de services et dans la manière dont ils offrent les programmes.

Todd : Oui, je pense que c’est aussi la clé. Je veux dire que nous pourrions mener certaines activités de prise de contact dans une collectivité donnée. Et ce que j’aime dire à notre personnel de première ligne, c’est qu’il y aura évidemment un acteur clé au sein du gouvernement des Premières nations, quelle que soit la collectivité dans laquelle vous vous trouvez, avec qui vous devriez d’abord parler de cette nouvelle initiative. Si nous discutons avec quatre directeurs de la santé des gouvernements des Premières nations sur le territoire, l’idée initiale pourrait être un peu différente parce qu’il faut l’adapter à la communauté au sein de laquelle nous travaillons.

Rob : Nous avons également entendu Allison Kormendy, de la Première nation des Tr’ondëk Hwëch’in de Dawson, qui a indiqué que le transport est un défi constant pour l’accès aux services.

Todd : Oui, tout d’abord, je suis vraiment reconnaissant qu’Allison ait pu contribuer à ce que nous faisons aujourd’hui, car son point de vue est très précieux. Pour ce qui est de la question du transport, je pense qu’Allison parlait du fait que les centres de mieux-être mental et de toxicomanie sont également un canal pour les services plus complets qui sont offerts dans la capitale, sur le territoire de Whitehorse, pensons notamment au traitement intensif, aux services de gestion du sevrage et à un certain nombre d’autres services. Et parfois, la difficulté n’est pas tant d’orienter la personne vers, disons, le programme de traitement, mais plutôt le manque de moyens pour lui permettre de s’y rendre. Nous devons donc faire preuve de créativité dans ce domaine. L’un des objectifs du centre est de fournir des services plus complets de soins pré- et postopératoires : travailler avec un client pour remplir tous les papiers nécessaires à toutes les évaluations, notamment pour se rendre au programme de traitement intensif, faire les séances préliminaires, travailler sur les objectifs, travailler sur les points qui vont le préparer à son accès au programme de traitement intensif et aussi travailler avec lui après pour qu’il puisse utiliser ce qu’il a appris dans ce programme dans sa communauté d’origine, travailler avec le personnel qui est lié au programme et qui le connaît, et permettre au client de continuer son cheminement de guérison.

Jayla : Pour ce qui est des modèles de centres et des travailleurs qui sont déployés dans les collectivités, l’un des avantages, bien sûr, a été de réduire le nombre de déplacements à faire : il peut parfois être difficile de conduire sept heures pour se rendre à Whitehorse depuis l’une des collectivités les plus éloignées ou de devoir prendre l’avion pour obtenir des services, etc. Il arrive que ce ne soit tout simplement pas possible. Ainsi, vous pouvez commencer à établir des liens, à apprendre à connaître quelqu’un de la collectivité et lui donner accès aux services, puis éventuellement aller au centre si vous avez besoin de quelque chose qui ne figure pas sur le calendrier de voyage en fonction des besoins de votre collectivité. Et puis, on peut réaliser cette troisième étape pouvant aller jusqu’à 10 services à Whitehorse et fournir un confort continu en cours de route. On peut aussi établir des liens avec plus de personnes et avoir la possibilité de parfois travailler avec d’autres personnes ou d’autres services qui peuvent soutenir les clients dans les collectivités. Ainsi, les services de santé non assurés peuvent apporter un certain soutien aux personnes qui se déplacent pour recevoir de l’aide dans la gestion du sevrage ou pour un traitement intensif, de sorte que les travailleurs qui se trouvent dans les centres connaissent certains de ces services et peuvent aider à établir des liens ou peuvent entrer en contact avec d’autres personnes pour obtenir de l’aide et permettre aux clients de recevoir le service souhaité. Cette façon de faire rejoint très bien notre mode de vie autochtone. Si nous pensons à notre perspective en tant que peuple autochtone, nous examinons les choses sous un angle très holistique. Il y a l’aspect physique, mental, émotionnel et spirituel des choses et les liens que nous partageons certainement. Et si l’on considère le modèle du centre comme étant lié à notre façon de voir l’eau, alors quand on apprend à pagayer, on le fait à la maison, dans les ruisseaux et les eaux lentes où on se sent à l’aise. Et puis, vous entrez lentement dans les tourbillons qui représentent ces centres où vous pouvez établir des liens avec des personnes avant de sauter dans la grande rivière. Vous ne voulez pas être simplement emporté; certains sont prêts à sauter à l’eau, et ça marche pour eux. Mais parfois, nous avons besoin d’une transition plus lente. Et c’est un peu plus logique lorsque nous pouvons aller plus lentement, prendre un peu de recul et voir quelles sont les eaux lentes que nous pouvons vous proposer pour vous soutenir, et comment nous pouvons vous aider à franchir certaines des étapes plus difficiles.

Rob : C’est magnifique. Je vous ai entendu mentionner le mot « confiance » à plusieurs reprises, et c’est évidemment un élément très important. Alors Todd, comment les centres communautaires de mieux-être mental ont-ils été reçus?

Todd : Je pense que c’est une très, très grande question. Et je pense que nous avons été très bien accueillis à certains endroits. Et à d’autres endroits, nous continuons à bâtir sur les structures mises en place lors de la création des centres. Je pense que dans plusieurs de ces endroits, si nous sommes encore en train de nous établir, c’est dû à certains problèmes liés au travail et à la vie dans les localités rurales éloignées du Yukon, comme des problèmes de logement. Dans de nombreuses localités, le personnel n’a nulle part où vivre, car il manque des logements pour les membres de la communauté, et encore plus pour les fonctionnaires. Il est très difficile d’embaucher du personnel dans certaines régions du Yukon. Ces lacunes doivent donc absolument être comblées pour que l’accueil soit possible. Je pense qu’en travaillant dans les localités rurales éloignées du Yukon, comme dans les communautés autochtones, nous devons reconnaître ce que les agences gouvernementales ont effectué dans ces communautés par le passé. Je parle ici des pensionnats et de la colonisation. Nous devons donc toujours travailler sur la confiance, parce qu’il s’agit d’un processus continu. Ce n’est jamais une destination à laquelle nous serons parvenus : nous devrons continuer à nous efforcer de l’atteindre.

Jayla : À mesure que le personnel et les centres travaillent avec la communauté, il y a toujours cet élément – la conscience, la sensibilité et l’humilité culturelles des personnes – qui évolue et que chacun applique à son travail, ce qui, encore une fois, est vraiment important pour savoir ce qui convient à la communauté. Il faut que les gens s’impliquent et veuillent participer aux activités de la communauté, mais ils doivent aussi être prêts à écouter. Nos Aînés disent toujours que ce n’est pas pour rien qu’on a deux oreilles et une bouche. Parfois, lorsqu’on termine ses études, qu’on a obtenu un tout nouveau diplôme et qu’on est très excité de faire toutes ces choses, on oublie très facilement de simplement ralentir et d’écouter. Les Aînés dans nos communautés sont excellents pour s’occuper de personnes différentes comme elles sont, à condition que celles-ci soient également ouvertes et désireuses d’apprendre. Un autre avantage à travailler dans les collectivités et à entretenir cette relation est qu’il peut y avoir une sorte de boucle de rétroaction. Si une personne d’une collectivité éloignée vient à Whitehorse pour recevoir un soutien des services de gestion du sevrage et qu’elle vit une expérience merveilleuse ou loin d’être idéale, elle peut en faire part au personnel de son centre ou à son directeur de la santé des Premières nations. Cette information peut alors nous parvenir et nous pourrons donc évaluer les améliorations possibles pour que les services conviennent mieux aux clients ruraux. Bien sûr, il faut garder en tête que comme la gestion du sevrage, par exemple, est un service médical, nous ferons face à certains conflits puisque nous devons composer avec un système médical occidental et des gens dont le point de vue repose davantage sur la pensée des peuples autochtones. Cependant, nous pouvons toujours faire de notre mieux pour essayer de trouver des moyens pour que tout le monde soit à l’aise. Comment pouvons-nous modifier de petites choses pour que la population sente que le service reflète ses besoins? 

Todd : Jayla, vous faites une remarque très importante qui me fait penser à la fois où j’ai été envoyé à Watson Lake pour intervenir dans un incident critique alors que je venais à peine de terminer l’université, avec ce beau diplôme tout frais en main. Je me souviens m’être arrêté à l’extérieur de la localité et m’être demandé : « Que sais-je de cette communauté? Rien? » Je ne savais rien de la population qui s’y trouvait. Je pense qu’un Aîné très influent de la communauté m’a probablement dit de m’asseoir pour écouter, et peut-être même d’éplucher des pommes de terre. C’est ainsi que vous apprendrez comment vous pouvez aider. Je pense que le message à retenir de cette situation, message que j’essaie d’enseigner au personnel, c’est qu’il faut écouter les membres de la communauté et éviter de simplement aller là-bas en croyant sauver le monde, parce que cette communauté va s’aider elle-même pour atteindre le mieux-être.

Jayla : Nos communautés sont un excellent exemple de la façon dont l’éducation officielle n’a pas nécessairement d’importance ou ne signifie pas grand-chose pour elles. Je peux donc montrer mes diplômes en travail social, mais on va quand même me demander le nom de ma mère et de mes deux grands-mères. C’est plus important, tandis que si vous venez du centre-ville de Toronto et que quelqu’un vous demande la même chose, cela ne signifie pas forcément grand-chose. Vous allez alors ajouter rapidement : « Mais j’ai un diplôme de cette école en tel ou tel domaine. Je devrais donc être crédible. » Votre crédibilité est pourtant établie en partageant une partie de votre identité. Si nous sommes chanceux, nous pourrions même être parentés. Ensuite, nous pouvons bâtir une relation au lieu d’essayer d’aider avec des informations et des connaissances.

Todd : Mon expérience dans une petite ville du Yukon m’a fait progresser de bien des façons, plus que les diplômes sur lesquels mon nom figure.

Jayla : Oui. Lorsque vous venez d’une petite ville, ou que vous êtes habitué à vivre et à travailler de cette manière, vous faites face à ces événements avec davantage de souplesse. J’ai donc passé un certain temps dans l’une de nos collectivités très éloignées. Je m’y rendais au nom d’un organisme à but non lucratif pour lequel je travaillais à l’époque. Nous allions animer une grande rencontre et organiser un dîner avec la communauté, mais il y a eu un décès, et tout a été annulé. La personne avec qui j’étais avait plus d’expérience avec cette communauté en particulier, donc elle savait quoi faire. Nous avons emballé notre nourriture et avons marché jusqu’à ce que nous entendions le son des guitares. Tout le monde avait alors sorti les contenants Rubbermaid dans lesquels se trouvaient les hymnaires, tous photocopiés, et chantait autour du feu en jouant de la guitare. Nous avons donc partagé notre nourriture. Nous nous sommes assis là et nous sommes rentrés chez nous deux jours plus tard, sans avoir parlé de la raison de notre visite. Toutefois, cette expérience a certainement été importante dans ma carrière, tout comme les relations qui se sont nouées, simplement autour du feu à discuter de cette personne que je n’ai en fait jamais rencontrée. Cela m’a permis de comprendre leur façon d’être afin de mieux les aider lorsque je travaillerai avec eux à l’avenir.

Todd : C’est vraiment génial.

Rob : Évidemment, pour revenir aux centres de mieux-être mental, lorsque les conseillers, les infirmiers et les travailleurs de soutien vivent dans la localité, ces possibilités s’offrent à eux, parce qu’ils ne font pas d’allers-retours.

Todd : Oui, comme je l’ai dit, avant, j’étais l’un de ces conseillers qui faisaient l’aller-retour après quelques semaines. Pour cette raison, je n’ai pas pu connaître les gardiens de la communauté et les détenteurs du savoir, accéder à certaines ressources ou discuter avec certaines personnes.

Jayla : Eh bien, la vie en communauté vous donne l’occasion de connaître ces décideurs informels, qui peuvent avoir de l’influence dans la communauté sans aucun titre à la suite de leur nom et qui ont peut-être même un emploi. Vous vous présentez chez Susie pour boire du thé et tout le monde vient la voir et vous voit, puis vous acquérez une bonne réputation parce qu’elle vous connaît. Un autre élément important à comprendre est à quel point les communautés peuvent être différentes alors qu’elles sont séparées par quelques centaines de kilomètres. Ainsi, au Yukon, avec notre passé de colonisation, il y a eu pas mal de pensionnats. Les églises sont arrivées très tôt et ont vraiment exercé une emprise sur nos communautés. Certaines ont de fortes racines chrétiennes, d’autres ont repris plusieurs de leurs traditions et d’autres encore ont gardé un peu des deux. Il est donc important de savoir comment intervenir dans ces communautés pour comprendre que l’une peut avoir une foi chrétienne, quelle qu’elle soit, mais qu’il serait une mauvaise idée de la reproduire dans une autre. Cela pourrait gâcher vos chances d’établir une relation.

Todd : Je pense que c’est important parce qu’un conseiller ou un fournisseur de services qui va dans une collectivité et en part après avoir fait son travail n’acquiert pas ces connaissances, mais en y vivant et en faisant partie de la communauté, il est possible d’apprendre à connaître les gardiens et les détenteurs du savoir. C’est comme ça qu’on sait ce genre de choses.

Jayla : Oui. Pour faire le lien avec la manière dont vous soutenez ces personnes à l’aide des autres services et améliorez la prestation, si vous vivez dans ma localité, vous avez plus de chances de savoir que la maison de ma mère a brûlé, que cette personne a été victime de tel incident, et peut-être aussi qu’il y a eu un décès. Parce que vous y vivez, vous connaissez et vivez ces événements. Vous pouvez donc transmettre cette information au personnel du centre et à la personne qui me soutiendrait si je suivais un traitement. D’un autre côté, si vous vous déplacez pour effectuer un travail, que vous discutez avec moi une heure par semaine et que vous me posez ces questions pour une évaluation quelconque, je pourrais seulement répondre : « Non, ça va. J’ai vécu des événements stressants. Oui, tout va pour le mieux. Ah, et mon cousin vit avec moi maintenant. » Mais vous ne savez pas qu’il habite avec moi parce que c’est sa tante qui est décédée.

Todd : Cela me fait penser à quelque chose, même maintenant, avec le personnel qui vit dans les collectivités. Pendant les premières semaines et les premiers mois, la charge de travail augmente lentement, au fur et à mesure qu’on apprend à connaître la population. Je me souviens quand j’ai commencé à travailler dans l’une des plus petites collectivités du Yukon, un Aîné est venu me voir et m’a demandé très directement : « Combien de temps restez-vous? Pourquoi notre communauté devrait-elle vous faire confiance? » Il faut donc réellement faire ses preuves et faire partie de cette communauté tout en respectant les limites de la profession, mais en étant tout de même un membre de confiance.

Jayla : Du personnel sera certainement sur place et ces membres de la communauté feront passer les nouveaux travailleurs à travers ces processus. Nous avons des membres du personnel dans nos collectivités qui sont très bien adaptés pour accéder aux services selon notre manière coloniale. Par exemple, je sais que je dois parler à Todd pour obtenir cette recommandation et obtenir mes services. Certaines personnes feront ces requêtes, mais ce n’est pas un lien significatif. Toutefois, si je vous croise à l’épicerie, que ça ait été agréable ou pas, nous avons peut-être discuté un moment, mais je vous vois, je m’en souviens, je peux vous appeler demain et je pourrais essayer de vous parler à côté des céréales. Mais aussi, je pourrais vous parler demain si besoin est.

Todd : J’ai eu de nombreuses conversations à côté des boîtes de céréales lorsque j’étais conseiller dans les petites collectivités. Je pense que c’est un aspect important, n’est-ce pas? Sinon, comment pouvons-nous respecter les processus à suivre au sein de la structure dans laquelle nous travaillons? Comment éliminer les obstacles autant que possible et rendre la situation suffisamment souple pour qu’elle convienne à la communauté et à ceux pour qui, bien souvent, ces processus gouvernementaux pourraient constituer une entrave gigantesque en raison du passé de colonialisme et des pensionnats? C’est une chose qui me préoccupe toujours et j’essaie aussi de l’inculquer au personnel.

Jayla : Puis quels soutiens pouvons-nous apporter aux gens après leur départ de Whitehorse? S’ils sont venus à Whitehorse pour voir un psychiatre ou pour suivre le programme de traitement intensif, par exemple, lorsqu’ils retournent dans leur localité, les travailleurs peuvent essayer de les soutenir de leur mieux et de façon personnalisée après le traitement, car ils comprennent bien leur situation. Au lieu de savoir que les solutions A, B ou C existent, nous pouvons peut-être examiner comment créer les solutions D ou E.

Todd : En effet, c’est pour les adapter à eux. Je me disais pendant que vous parliez que certaines personnes pourraient avoir accès à des services à Whitehorse et dire « non, je ne veux pas parler à un conseiller, mais j’ai parlé à Todd, il est conseiller », mais parce que Todd, ou qui que ce soit, fait partie de la communauté, ils le connaissent personnellement, lui.

Rob : Merci à vous deux. Ce fut très instructif. Quand nous reviendrons, nous allons discuter encore un peu avec Mary Vanstone. Et vous, Todd ou Jayla, souhaitez-vous faire un dernier commentaire?

Todd : Je voudrais juste dire que j’occupe mon poste actuel depuis environ sept mois.

C’est une occasion vraiment passionnante de travailler au Yukon pour aider à soutenir la santé et le mieux-être de la population, en particulier dans les collectivités rurales éloignées. Je pense que ce qui me stimule le plus, c’est de construire quelque chose qui convienne vraiment à ces collectivités, de travailler avec les gardiens du savoir et les directeurs de la santé des Premières nations et d’apprendre de personnes comme Jayla, dans son rôle de coordonnatrice du counseling culturel, afin d’améliorer continuellement les services et d’en faire toujours plus pour qu’ils soient appropriés et adaptés à chaque communauté.

Jayla : Oui, et je tiens également à exprimer ma gratitude envers les Services pour le mieux-être mental et la lutte contre l’alcoolisme et la toxicomanie pour avoir investi dans les centres, et même dans mon poste, alors que nous examinons ce qui s’est produit avec la Commission de vérité et réconciliation, les appels à l’action, l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées et tout ce que nous pouvons faire dans la communauté. C’est ce que la direction fait : au lieu d’être dans le fourgon de queue, qui représente le programme, et de marquer la boîte rouge à l’arrivée, qui représente les Premières nations ou les Autochtones, nous entretenons ces relations avec nos partenaires des Premières nations, donc ils nous aident à avancer. Merci.

Rob : Merci à vous. Nous nous sommes entretenus avec Jayla Russeau-Thomas, coordonnatrice du counseling culturel, et Todd Pryor, gestionnaire des Services pour le mieux-être mental et la lutte contre l’alcoolisme et la toxicomanie au sein du ministère de la Santé et des Services sociaux. Ici Rob Furlong. En revenant de la pause, nous discuterons de nouveau avec Mary Vanstone.

Loretta : Merci pour ce survol des Centres des services pour le mieux-être et la lutte contre l’alcoolisme et la toxicomanie du Yukon, et des services qu’ils permettent d’offrir. En tant que petit territoire dans le Nord canadien, le Yukon est aux prises avec des défis très particuliers. Le recours au modèle de centres des services semble apporter des changements concrets dans les communautés rurales du Yukon, où les gens peuvent avoir accès plus facilement à des services là où ils en ont besoin. J’invite maintenant Rob Furlong et Mary Vanstone à nous en dire plus sur les centres des services, certains des obstacles auxquels ils continuent de faire face et certaines des leçons utiles qu’ils ont tirées.

Rob : Nous sommes à nouveau accompagnés de Mary Vanstone, directrice des Services pour le mieux-être mental et la lutte contre l’alcoolisme et la toxicomanie du ministère de la Santé et des Affaires sociales du gouvernement du Yukon. Bienvenue, Mary.

Mary : Merci.

Rob : J’ai remarqué que vous aviez les larmes aux yeux en écoutant Todd et Jayla.

Mary : Absolument. Je suis vraiment fière du travail que ces équipes accomplissent dans les centres et de l’aide que nous apportons aux membres de la communauté pour améliorer l’accès aux services et offrir des services raffinés et adaptés à leurs besoins.

Rob : Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur les leçons tirées, selon vous, lors de la mise en place de ces centres de mieux-être mental? De toute évidence, ils écoutent Todd et Jayla, et c’est une excellente idée. Ils connaissent un certain succès, mais je suis sûre que le chemin n’a pas été de tout repos.

Mary : Non, ils ont évidemment rencontré quelques embûches et deux éléments se démarquent, sans aucun doute. Il s’agit de l’embauche appropriée et des infrastructures. Dans certaines de nos petites collectivités, nous avons réellement de la difficulté à trouver des logements et un espace adéquat pour fournir des services. C’est un problème dans tout le Nord : nous avons besoin d’endroits pour travailler et de maisons pour que nos médecins et notre personnel puissent résider dans ces collectivités, ce qui, comme vous l’ont dit Jayla et Todd, a une incidence si importante sur le mieux-être des membres de la communauté. L’embauche est un autre obstacle. Comme cela peut être tout un choc de passer d’une grande ville animée à une petite collectivité de moins de 500 personnes, il faut s’assurer que l’employé est réellement un bon candidat et qu’il ne paraît pas seulement bien sur le papier. Notre préoccupation, c’est qu’une personne arrive, commence à établir des relations, puis décide que la situation ne lui convient pas et qu’elle doit déménager, généralement à Whitehorse ou dans un centre plus grand. La communauté ressent alors le vide, car elle n’a pas reçu un bon service, en plus des personnes qui ont exposé leurs vulnérabilités et doivent maintenant attendre que quelqu’un d’autre vienne terminer le travail.

Rob : Elles doivent alors raconter leur histoire de nouveau à une autre personne.

Mary : Exactement. Nous essayons le plus possible d’impliquer les partenaires des Premières nations dans notre processus d’embauche, car ils peuvent nous aider à choisir le personnel qui se joindra à leur communauté. Nous sommes alors plus à même de discuter avec nos nouveaux employés de leur orientation, de leur adaptation à la communauté, ainsi que de leur accès à des soutiens appropriés et à des personnes qui peuvent les aider à s’adapter à la vie dans une petite collectivité. Nous demandons également aux candidats la raison pour laquelle ils viennent dans la petite collectivité et ce qu’ils savent d’elle. Nous voulons vérifier qu’ils sont pleinement conscients de ce qui les attend, ainsi que de certaines des restrictions et des difficultés liées à la vie dans une collectivité très rurale et isolée.

Rob : Nous avons parlé, encore une fois, de la collaboration et de l’établissement de la confiance. Selon vous, est-ce vraiment important? Quel est le meilleur moyen?

Mary : Ma confiance est primordiale pour la relation thérapeutique. Si vous n’avez pas confiance et si vous ne vous sentez pas à l’aise avec la personne assise en face de vous, à qui vous racontez votre histoire, vous n’avancerez pas beaucoup dans votre traitement. En ce qui concerne la façon dont vous obtenez cette écoute, comme l’a dit Jayla, nous avons deux oreilles et une bouche, donc il faut écouter, mais aussi participer aux activités communautaires. Votre travail dans une communauté ne s’arrête pas à 17 h. Il y a des rassemblements, des fêtes, des activités sur les terres, des activités communautaires et bien plus. Si vous vivez dans une communauté, vous devez en faire partie. C’est bien là que l’on commence à établir la confiance, et comme nous en avons parlé, la guérison traditionnelle et l’approche occidentale s’intègrent ensemble.

Rob : Je sais que la division des Services pour le mieux-être mental et la lutte contre l’alcoolisme et la toxicomanie se concentre sur la réduction des effets nocifs. Je pense qu’un certain apprentissage est nécessaire et qu’une certaine collaboration s’impose, alors pouvez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet? Je pense que c’est aussi une leçon importante. 

Mary : Absolument. Le modèle de réduction des effets nocifs n’est pas axé seulement sur l’abstinence. Nous offrons un continuum complet de soutien et nous rencontrons les gens là où ils en sont et là où ils sont prêts à aborder les aspects nocifs de leur toxicomanie. Nous sommes passés d’un grand nombre de services centralisés à Whitehorse à la garantie que tous nos médecins et toutes nos collectivités sont en mesure de réduire les effets nocifs et de fournir des trousses de naloxone et de l’information. Pour ce faire, il faut en partie travailler en collaboration avec nos partenaires des Premières nations. Il serait arrogant de notre part de supposer que chaque communauté voudrait cela, comme Jayla l’a mentionné, au moyen de la colonisation. Certaines communautés sont très religieuses, d’autres sont plutôt spirituelles et certaines ont adopté un mélange des deux. Il en va de même pour la valeur de la réduction des effets nocifs. Certaines communautés ne sont pas nécessairement prêtes à ce que nous commencions à distribuer des trousses de drogues, des seringues ou même des préservatifs. Nous devons aborder ces sujets avec les Premières nations en fournissant de l’éducation en matière de santé publique. Il faut leur expliquer l’importance de ces fournitures pour aider les membres de la communauté à rester en santé et en sécurité, et taire la croyance voulant que cela les encourage à consommer des drogues.

Rob : Donc Mary, nous parlons de leçons apprises. Avez-vous d’autres commentaires sur la situation au Yukon pour les autres gouvernements qui pourraient écouter cette baladodiffusion?  Vous avez dit que l’une des raisons qui vous ont amené ici est la capacité à apporter des changements, lesquels sont en cours.

Mary : Je dirais que mon principal conseil, si vous envisagez d’établir un modèle similaire, est de commencer par discuter avec vos Premières nations et avec les personnes à qui vous allez fournir des services. Ne tenez pas pour acquis que ce qui a fonctionné au Yukon va fonctionner en Saskatchewan ou dans une autre province ou un autre territoire. Vous devez vous entretenir avec vos collectivités rurales et éloignées pour déterminer leurs besoins, savoir ce qu’elles pensent être leurs besoins et connaître leurs difficultés et les lacunes qu’elles constatent. 

Rob : Merci beaucoup à Mary Vanstone, directrice des Services pour le mieux-être mental et la lutte contre l’alcoolisme et la toxicomanie du ministère de la Santé et des Affaires sociales du gouvernement du Yukon. Merci.

Loretta : C’était Mary Vanstone et Rob Furlong, qui nous ont parlé des Centres des services pour le mieux-être et la lutte contre l’alcoolisme et la toxicomanie du Yukon. Nous les remercions. Merci également à Allison Kormendy, à Todd Pryor et à Jayla Rousseau-Thomas de s’être joints à nous aujourd’hui et de nous parler de leurs stratégies et points de vue pour améliorer le bien-être mental dans le Nord.

Ne manquez pas notre prochain rendez-vous, où nous vous offrirons la possibilité d’en savoir plus sur les programmes de thérapie comportementale et cognitive offerts sur Internet en Saskatchewan, et sur la façon dont ces programmes aident les gens de cette province qui vivent dans des communautés rurales, éloignées ou du Nord.

 

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