PRATIQUES PROMETTEUSES
Un balado sur la santé mentale et les dépendances
Épisode 9 : Alberta
Épisode 9 : Systèmes de soins axés sur le rétablissement (AB)
19 mai 2021 – L’approche albertaine, centrée sur la personne, voit au-delà des problèmes de santé mentale ou de dépendances de la personne. Elle vise à améliorer la qualité de vie en favorisant l’équilibre et la guérison dans tous les aspects de la santé et du bien-être des personnes touchées. Le modèle albertain est basé sur des pratiques éprouvées dans le monde entier.
Notes d’épisode :
Ressources spécifiques aux dépendances
- Ligne d'aide pour le traitement de la toxicomanie – composez le 1 866 332-2322
Autres ressources
- Alberta Health Services – consultez le albertahealthservices.ca/amh/Page16759.aspx
- Ligne d’écoute la santé mentale – composez le 1 877 303-2642
Loretta O’Connor : Rebonjour et bienvenue dans la série de balados Pratiques prometteuses. Voici maintenant le neuvième épisode de notre série de treize. Cette série est une initiative des premiers ministres des provinces et territoires et vise à partager les pratiques prometteuses qui ont cours dans chaque province et chaque territoire en matière de santé mentale et de dépendances.
Je suis Loretta O’Connor, directrice générale du Secrétariat du Conseil de la fédération, un organisme qui appuie le travail des premiers ministres des provinces et territoires.
Aujourd’hui, nous sommes en Alberta, une province de l’Ouest canadien bordée par les Rocheuses à l’ouest, les Prairies à l’est, les badlands au sud et la forêt boréale au nord. Bien connue pour ses ressources naturelles et les emplois qu’elles procurent, l’Alberta est traditionnellement l’une des provinces où la croissance est la plus rapide – et c’est aussi l’une des provinces où les citoyens sont les plus jeunes. La moyenne d’âge en Alberta est de 37 ans et demi, pour une population de 4,4 millions d’habitants. La plupart vivent dans les deux grandes villes de la province, Edmonton et Calgary, mais les petites villes et les communautés rurales sont aussi des éléments essentiels de l’Alberta.
Comme c’est le cas partout au pays et ailleurs dans le monde, la pandémie de COVID-19 affecte le bien-être des Albertains. Et c’est encore plus vrai pour les personnes vulnérables aux prises avec des problèmes de dépendances ou de santé mentale.
Aujourd’hui, nous allons en savoir plus sur la vision de l’Alberta pour les soins de santé mentale et le traitement des dépendances, et nous allons découvrir certaines initiatives importantes mises sur pied pour aider les personnes qui ont besoin de tels soins. Nous allons aussi entendre le récit de personnes qui sont en première ligne et qui offrent des services d’aide… et celui d’une personne en phase de guérison d’un problème de dépendance, qui a eu recours à ces services pour lui-même et qui accompagne maintenant les autres dans leurs parcours vers la guérison.
Mais tout d’abord, écoutons un message du premier ministre Jason Kenney sur la vision stratégique et l’approche globale de sa province en matière de soins de santé mentale et de dépendances.
Ceci est une traduction d’un balado qui a été enregistré en anglais.
Premier ministre Jason Kenney : Bonjour, je suis Jason Kenney, premier ministre de l’Alberta, et je suis heureux de participer au balado du Conseil de la fédération sur les pratiques prometteuses en matière de santé mentale et de lutte contre les dépendances. Je suis ici pour vous parler de la façon dont l’Alberta est en train de changer de perspective pour offrir des services de traitement des dépendances et des problèmes de santé mentale plus efficaces et plus complets.
Cette question est vraiment importante pour de nombreux Albertains, dont je fais partie. Après un ralentissement économique difficile qui dure depuis cinq ans, nous avons été frappés par la pandémie et avons dû faire face aux conséquences imprévues des mesures de santé publique mises en place pour freiner la propagation de la COVID-19. Tout cela a entraîné de fortes pressions sur la santé psychologique des gens et des difficultés liées à l’abus d’alcool et d’autres drogues, y compris les problèmes de dépendances que cela suppose.
Tout le monde connaît quelqu’un qui est peut-être en difficulté. Pour apporter des améliorations dans le domaine, il faut changer notre approche. C’est pourquoi l’Alberta est en train de transformer son système de soins et la façon dont sont abordées ces questions, pour adopter une approche axée sur le rétablissement, qui tient compte à la fois de la dépendance et du bien-être psychologique.
L’approche de l’Alberta est axée sur des interventions actives conçues pour gérer les effets négatifs de ces problèmes chroniques sur la santé. Cette approche a certainement sauvé des vies, mais elle n’est pas suffisante. Le fait de se concentrer uniquement sur la gestion des maladies s’est fait au détriment de la mise en place d’un système capable de promouvoir l’autogestion de la santé et l’aide des autres, de la famille et des milieux de travail. Il faut un système dans lequel les membres de la communauté s’unissent pour résoudre ces problèmes, car la complexité de la vie d’une personne aux prises avec des problèmes de dépendances ou de santé mentale va bien au-delà des situations d’urgence.
Au cours des dernières années, une façon plus efficace de relever ces défis a vu le jour. C’est pourquoi l’Alberta met actuellement en œuvre un système de soins axé sur le rétablissement, qui comprend un éventail de mesures de prévention et d’intervention, de traitement et de rétablissement. Ce modèle albertain est élaboré à partir de pratiques éprouvées dans le monde entier.
Sous la direction de Jason Luan, notre ministre délégué à la Santé mentale et aux Dépendances, l’une des premières mesures adoptées par le gouvernement de l’Alberta a été de former un conseil consultatif sur la santé mentale et les dépendances. Nous avons recruté les membres de ce conseil parmi un groupe diversifié d’intervenants en santé mentale et en dépendances, dont certains avaient vécu ce genre de problèmes. Ces personnes ont de l’expérience dans les services d’urgence et de crise, dans les services de rétablissement en santé mentale et dépendances, en soins primaires et à domicile, en santé autochtone, en justice, en application de la loi et d’autres proviennent de la société civile en général. Notre approche tient compte du fait qu’il existe de nombreuses voies vers le rétablissement permanent et que chaque personne, famille, lieu de travail et communauté trouve sa force et sa résilience de différentes manières.
Le rétablissement des suites d’un problème de dépendance n’est pas seulement une question de sobriété. Il concerne aussi l’amélioration de la qualité de la vie grâce à la recherche d’un équilibre et de la guérison dans tous les aspects de la santé et du bien-être. Même si ne plus consommer de drogues illicites est un aspect important du rétablissement des toxicomanes, ce n’est pas le seul élément dont il faut tenir compte dans un système de soins axé sur le rétablissement. Le rétablissement peut également se traduire par des possibilités d’éducation, d’emploi, une amélioration de la santé, un logement plus sûr et la création de liens sociaux, entre autres. Le succès du rétablissement se mesure finalement par l’amélioration de tous les aspects de la vie d’un individu, et pas seulement à sa relation avec les drogues illicites.
Un système de soins axé sur le rétablissement soutient ce parcours en offrant aux individus une gamme d’options conçues en fonction de leurs besoins spécifiques, qui leur donnent le choix dans le type d’aide nécessaire et leur permet d’assumer la responsabilité de leur propre rétablissement. C’est là une distinction importante. L’approche des systèmes de soins axés sur le rétablissement est centrée sur la personne, un élément essentiel, car elle se fonde sur les forces du patient. Elle est également axée sur la communauté, en réunissant la famille, les alliés et les milieux de travail pour créer une communauté de rétablissement autour des personnes qui ont besoin d’aide. Grâce à ce modèle axé sur le rétablissement, notre objectif est de créer un éventail de soins de classe mondiale financé par l’État, qui reposent sur un réseau de services et de soutiens communautaires, ici en Alberta.
Nous avons déjà pris des mesures importantes pour créer ce système. Le gouvernement de l’Alberta a investi 140 millions de dollars sur quatre ans pour accroître l’accès à un éventail complet de mesures d’aide en santé mentale axées sur le rétablissement, notamment pour répondre à la crise des opioïdes. En 2019, nous avons annoncé la création de 4 000 nouveaux lieux de traitement financés par l’État en quatre ans. Nous avons dépassé ce nombre avec la création de nouvelles cliniques externes de désintoxication dans les communautés urbaines, rurales et autochtones de la province. Nous investissons également dans cinq centres de thérapie et de rétablissement dans la province qui offriront des services d’hébergement individualisés et à long terme pour le traitement des dépendances. Grâce à ces centres, nous ajoutons 400 lits qui améliorent grandement l’accès aux établissements de rétablissement. Cet ajout représente une augmentation de 30 % de la capacité d’accueil en Alberta. La semaine dernière, le gouvernement de l’Alberta a pris une mesure spectaculaire en éliminant tous les frais d’utilisation quotidiens des services d’hébergement de traitement des dépendances financés par l’État. C’était une mesure simple, mais très importante.
Améliorer l’accès est la première étape vers la réussite. L’Alberta a aussi amélioré considérablement la qualité de vie en veillant à ce que tous les intervenants des centres de traitement des dépendances soient autorisés et agréés par des organismes d’agrément nationaux. Nous avons réalisé cet objectif, et j’en suis fier. Dans le cadre de notre éventail de soins, nous soutenons également les programmes externes de désintoxication aux opioïdes. En plus d’un soutien médical comme le traitement par agonistes opioïdes, les patients de l’Alberta reçoivent des conseils et d’autres formes d’aide, notamment dans des cliniques où sont offerts des services de transition. L’Alberta compte 23 de ces cliniques dans la province, qui offrent des soins de qualité supérieure.
Le programme virtuel de dépendance aux opioïdes de l’Alberta utilise la télésanté pour permettre aux Albertains d’avoir un meilleur accès à des médicaments, peu importe où ils vivent dans notre province. Le programme livre en effet des services aux Albertains de toute la province dans plus de 260 communautés. L’an dernier, ce programme a facilité plus de 1 900 admissions pour des traitements. La vaste majorité des quelque 1 200 personnes en question ont reçu un traitement le jour même, et ont amorcé immédiatement un traitement par agoniste opioïde. En fait, ce programme n’a pas de liste d’attente et permet à l’Alberta de réaliser des traitements à la demande. Le nouveau modèle albertain a atteint une distribution record de naloxone et d’opioïdes conformes aux données probantes.
Il est important de fournir de l’aide à la population tout en veillant à sa sécurité. C’est pourquoi l’Alberta crée cinq nouveaux tribunaux chargés de la toxicomanie à l’extérieur de Calgary et d’Edmonton, afin qu’un plus grand nombre de personnes dans toute l’Alberta puissent se libérer de leurs comportements criminels créés par la dépendance. Nous avions déjà de tels tribunaux dans nos deux plus grandes villes. En simplifiant et en élargissant l’accès à ces tribunaux ailleurs dans la province, l’Alberta oriente les personnes condamnées pour des crimes non violents vers des services de traitement et de rétablissement. Ce modèle albertain est fondé sur le respect – respect de la capacité d’une personne à se rétablir, mais aussi des communautés plus grandes qui les entourent, en tenant compte de l’impact social et économique des services de traitement des dépendances et des problèmes de santé mentale sur ces communautés.
Nous savons que certains services, comme les sites de consommation supervisée de l’Alberta, ont suscité des inquiétudes parmi les résidents et les entreprises. C’est pourquoi, à mesure que nous en établissons, nous travaillons en étroite collaboration avec les intervenants pour nous assurer que les services existants et les nouvelles formes d’aide sont intégrés de façon sécuritaire et avec succès dans les collectivités. Notre modèle albertain est fondé sur la ferme conviction que les gens ont la capacité de se rétablir et de reprendre leur vie en main, de renouer avec leur famille et de réintégrer leur communauté pour en devenir des membres inspirants et actifs.
Le Canada est aux prises avec une crise vertigineuse d’overdoses, qui exige des solutions nouvelles et novatrices. La création récente d’un système numérique pour prévenir les risques d’overdoses en est un bon exemple. Ce système aidera les gens à se protéger lorsqu’ils consomment des opioïdes et d’autres substances seuls à la maison. Le système connectera automatiquement les Albertains aux services d’urgence s’ils perdent conscience en raison d’une overdose. Ce système reliera également les utilisateurs aux services provinciaux d’aide au rétablissement des toxicomanes, comme le programme virtuel de dépendance aux opioïdes, afin de s’assurer que les gens disposent de l’information dont ils ont besoin pour progresser dans leur cheminement vers le rétablissement.
Ce travail est important. Bien que nous ayons fait beaucoup de progrès en deux ans seulement, il reste encore beaucoup à faire. J’ai rencontré des Albertains qui transforment leur vie, qui se sentent à nouveau optimistes face à l’avenir. J’ai entendu leur histoire et j’ai vu les preuves de leurs succès. Nous avons encore beaucoup de travail à faire, mais des choses inspirantes se produisent ici en Alberta. Et je tiens à remercier encore une fois le ministre délégué Luan, que vous entendrez après moi.
Et permettez-moi de dire à tous ceux et celles qui nous écoutent et qui envisagent de changer les choses en mieux que de l’aide est disponible. Vous pouvez trouver des soins sûrs et complets, et avoir l’esprit tranquille. Il suffit de composer le 1 866 332-2322. C’est la ligne d’aide sur la dépendance de l’Alberta. Vous pouvez également composer le 211 pour être redirigé directement au bon endroit, ou le 1 877 303-2642 pour la ligne d’aide en santé mentale de l’Alberta. Si vous ne vous sentez pas prêt à parler à quelqu’un, vous pouvez trouver plus de renseignements en consultant le site alberta.ca. Quel que soit votre choix, rappelez-vous que vous avez la force de changer et que de l’aide est là pour vous. Nous nous y engageons. Merci.
Loretta O’Connor : Nous venons d’entendre les propos du premier ministre Kenney sur le modèle de l’Alberta et sur l’orientation adoptée par la province pour la prise en charge des problèmes de dépendances et de santé mentale. Nous entendrons maintenant Jason Luan, ministre délégué à la Santé mentale et aux dépendances en Alberta, qui nous parlera du travail accompli pour transformer le système de soins des problèmes de dépendances et de santé mentale de la province.
Ministre délégué Jason Luan : Bonjour, je m’appelle Jason Luan, ministre délégué à la Santé mentale et aux Dépendances de l’Alberta. Comme nous l’a dit le premier ministre Kenney, l’Alberta s’efforce d’aider davantage de personnes à obtenir l’aide dont elles ont besoin pour se rétablir de leur dépendance et de leurs problèmes de santé mentale. Le modèle albertain repose sur la conviction que tout le monde a le droit d’être soutenu dans son rétablissement et de faire face au moins d’obstacles possible. Le gouvernement de l’Alberta met en place un système coordonné de services fondé sur une vision commune du succès. Ces résultats sont axés sur le client et le rétablissement, ce qui signifie qu’ils évaluent divers aspects de la vie des gens. Autrement dit, nous cessons de nous concentrer sur les interventions actives pour évaluer et accroître le capital de rétablissement des Albertains qui entrent dans le système de soins, et pour veiller à ce qu’une aide à long terme leur soit offerte.
Le capital de rétablissement est une mesure des ressources internes et externes des individus que la personne et la communauté peuvent utiliser pour les soutenir, entamer leur rétablissement et le maintenir. En définissant le capital de rétablissement, nous chercherons à augmenter les forces des personnes dans huit domaines, soit la santé physique et mentale, la famille, les activités sociales et de loisirs, un logement stable et un environnement sain, le soutien par les pairs, l’emploi et la résolution des problèmes juridiques, le développement des compétences professionnelles et l’éducation, l’intégration communautaire et le soutien culturel, et finalement la redécouverte du sens et du but de la vie. Comme vous pouvez le constater, il s’agit d’une approche globale qui touche l’esprit, le corps et l’âme des individus. Il est prouvé que si un individu présente une déficience dans un ou plusieurs de ces domaines, cela peut entraver son processus de rétablissement. Voilà pourquoi nous nous concentrons sur l’augmentation du capital de rétablissement des Albertains, pour qu’un plus grand nombre d’entre eux puisse entamer leur processus de rétablissement. Et lorsqu’ils le feront, ils recevront le soutien dont ils ont besoin pour maintenir leur rétablissement à long terme.
À partir de maintenant, l’Alberta commencera à évaluer les programmes et les résultats du système en fonction de la capacité des exploitants de services à améliorer la vie des Albertains dans les domaines que j’ai mentionnés précédemment. Ainsi, l’Alberta cessera de se concentrer uniquement sur l’utilisation du système, comme c’est le cas actuellement, et adoptera un mode de fonctionnement qui nous permettra de comprendre comment un programme change la vie des gens. Nous pourrons ensuite mieux comprendre quels programmes réussissent le mieux de ce point de vue. Cette nouvelle façon de faire aidera aussi les Albertains à prendre des décisions plus éclairées concernant leurs propres soins et ceux de leurs familles et amis, car ils pourront voir quels programmes sont les mieux adaptés au développement de leur capital de rétablissement. Le développement du capital de rétablissement ne s’arrête pas à la personne qui a accès aux soins. Le rétablissement concerne les lieux de travail, les familles et les communautés. Tout le monde a un rôle à jouer dans l’augmentation du capital de rétablissement de notre communauté, afin que les individus qui entrent dans le système de soutien puissent mieux comprendre et contribuer à leur propre rétablissement.
L’une des principales clés de voûte de la construction du capital de rétablissement en Alberta est l’augmentation de l’accès aux traitements financés par l’État. Le gouvernement de l’Alberta augmente le financement des traitements axés sur le rétablissement, soutient les fournisseurs de services qualifiés, met en place une infrastructure bien conçue et encourage la communauté à bâtir son propre capital de rétablissement. En Alberta, nous sommes bien placés pour y arriver. Le gouvernement de l’Alberta a pris un engagement sans équivoque, avec 140 millions de dollars pour un financement pluriannuel qui fera en sorte que plus d’Albertains auront accès au rétablissement. Nous avons également la chance d’avoir un secteur sans but lucratif d’une grande qualité et des groupes communautaires qui sont dévoués et prêts à soutenir la population. Le gouvernement de l’Alberta, de concert avec ses partenaires communautaires, travaille avec diligence pour sortir les gens de leur dépendance et les amener à une vie en rétablissement. À ce jour, l’Alberta a financé plus de 4 000 places de traitement, et d’autres annonces sont à venir. Nous aiderons un plus grand nombre d’Albertains à améliorer leur santé et leur bien-être psychologique et à mener une vie satisfaisante.
Une autre grande décision que nous avons prise en Alberta est d’offrir le traitement gratuit pour tous dans la province. Auparavant, les Albertains devaient payer des frais pour avoir accès à ces services de traitement. De plus, il y avait des frais d’utilisation de 40 $ par jour pour les programmes de traitement en hébergement financés par l’État. Un programme de traitement de six semaines pouvait donc coûter environ 1 600 $ pour une place financée par l’État, et des milliers de dollars pour des services financés par le secteur privé. Les personnes qui font partie du programme provincial de soutien du revenu ou du programme AISH ont pu bénéficier d’une aide financière, mais pour de nombreux Albertains, les coûts ont dû être couverts par des fonds privés. Il s’agissait notamment d’étudiants, de personnes âgées, de parents célibataires et de toute personne dont le revenu était trop élevé pour être admissible au soutien du revenu, mais pas assez pour payer à titre privé.
Depuis octobre 2020, tous les espaces financés par l’État en Alberta sont exempts de frais d’utilisation pour l’accès aux services de traitement. Cela signifie que tous les Albertains, quels que soient leur revenu ou leur statut social, pourront avoir accès à des soins de haute qualité axés sur le rétablissement, ce qui réduira davantage les obstacles à leur rétablissement. Il s’agissait d’une initiative assez complexe, car nous devions non seulement tenir compte des Albertains qui ont besoin d’aide, mais aussi des fournisseurs de services qui dépendent de ces frais d’utilisation quotidiens pour fonctionner. Mais la bonne nouvelle, c’est qu’en fin de compte, nous avons conçu un nouveau cadre de financement qui fournit un financement uniforme, stable et efficace, assorti d’attentes claires en matière de services pour les exploitants.
Afin d’améliorer l’accès aux soins axés sur le rétablissement, le gouvernement de l’Alberta créera près de 400 nouveaux lits de traitement dans les établissements de rétablissement de la province. Les cliniques de rétablissement, également connues sous le nom de communautés thérapeutiques, offrent des soins en établissement comme les autres programmes de traitement, mais adoptent une approche encore plus globale qui tient compte des besoins de la personne dans son ensemble. Ces communautés s’inscrivent dans le cadre de l’évolution de l’Alberta vers un système de soins axé sur le rétablissement en aidant les résidents à traiter leur dépendance et leurs problèmes de santé mentale, et en mettant l’accent sur le rôle d’une relation positive et des compétences de la vie quotidienne dans le rétablissement. Nous constatons qu’il ne suffit pas toujours de gérer la dépendance, le traitement ou les problèmes de santé. Nous devons prendre en compte le bien-être physique et affectif, les objectifs éducatifs, les aptitudes à la vie quotidienne et à l’emploi, ainsi que le lien avec la famille et la communauté si nous voulons nous assurer que les personnes sont prêtes à réussir lorsqu’elles terminent le traitement.
Une autre façon de réduire les obstacles financiers pour augmenter le capital de rétablissement est le programme de couverture de l’écart de traitement des agonistes opioïdes. Il s’agit d’un programme qui couvre le coût des médicaments pour traiter les troubles liés à l’utilisation d’opioïdes pendant un maximum de 120 jours, ce qui donne aux Albertains le temps de demander et de recevoir une couverture par le biais d’un régime complémentaire d’assurance-maladie. Le traitement par agonistes opioïdes est offert dans les cliniques du programme de dépendance aux opioïdes du Alberta Health Services dans toute la province. Il existe également une option virtuelle qui, en 2020, a permis de faciliter plus de 1 900 admissions pour des traitements dans plus de 260 collectivités. Le programme virtuel de dépendance aux opioïdes n’est pas seulement accessible, il est aussi efficace. Si l’on examine les données recueillies lorsque nous avons augmenté le financement du programme, on constate qu’à l’époque, environ 40 % des clients avaient déjà fait une overdose à leur entrée dans le programme. Un an après le début du programme, moins de 10 % des clients avaient fait une overdose. Il s’agit d’une baisse remarquable de 30 % des cas d’overdose signalés. Le programme est non seulement efficace, mais les Albertains peuvent accéder à un traitement sur demande grâce à la clinique virtuelle de dépendance aux opioïdes, et ce, de n’importe où dans la province.
Bien que l’objectif ultime soit le rétablissement, nous reconnaissons que le parcours de chacun est différent. Pour certains, les initiatives de réduction des méfaits aident à trouver le rétablissement. Dans le cadre de l’accès à l’augmentation du capital de rétablissement, nous allons harmoniser le système, en veillant à ce que les services de réduction des méfaits soient également évalués en fonction de leur capacité à améliorer la vie des Albertains en les amenant à suivre un traitement. En Alberta, nous disposons également d’une distribution généralisée de trousses de naloxone. Grâce à ce programme, plus de 321 000 trousses de naloxone gratuites ont été distribuées par l’Alberta Health Services au cours des cinq dernières années. L’Alberta a en fait atteint le taux le plus élevé de distribution de naloxone dans toute son histoire.
Les données des quatre dernières années montrent que la majorité des décès par overdose surviennent au domicile des personnes qui perdent la vie. En réponse à cette situation, nous avons annoncé le Digital Overdose Response System ou DORS, dont la phase d’essai commencera cet été à Calgary. Ce système est unique au Canada et s’appuie sur la technologie fiable déjà utilisée pour assurer la sécurité d’une personne lorsqu’elle travaille seule. Les Albertains qui consomment seuls des opioïdes ou d’autres substances seront mis en relation avec les services d’urgence en cas d’overdose présumée. Le système fournira également des renseignements sur les mesures d’aide et les services nationaux et provinciaux de rétablissement des dépendances, comme le programme virtuel de dépendance aux opioïdes dont nous avons parlé plus tôt.
Je suis fier de servir en tant que ministre adjoint à la Santé mentale et aux Dépendances de l’Alberta, et j’ai hâte d’annoncer les nombreuses mesures et innovations passionnantes à venir. Je peux vous dire une seule chose : le rétablissement est réel, il est réalisable et il fonctionne. Nous continuerons à travailler pour que chaque Albertain qui en a besoin puisse avoir accès à de l’aide et du soutien sur la voie du rétablissement à long terme. Merci beaucoup.
Loretta O’Connor : Merci, Monsieur Luan, pour avoir partagé ces informations avec nos auditeurs. L’accroissement de l’accès à l’aide est une composante essentielle de toute approche pour la prise en charge des défis liés aux dépendances et à la santé mentale.
Nous allons maintenant en apprendre un peu plus sur l’approche des tribunaux de traitement de la toxicomanie de l’Alberta. Cette initiative vise la prise en charge des causes profondes de la criminalité liée à l’usage des drogues. J’invite donc Matthew Reid, directeur de l’expansion des Tribunaux de traitement de la toxicomanie auprès du ministère de la Justice et du Solliciteur général de l’Alberta, à nous en dire un peu plus.
Matthew Reid : Bonjour. Je m’appelle Matthew Reid et, depuis un an, je travaille au programme des tribunaux chargés de la toxicomanie du gouvernement de l’Alberta en tant que directeur de l’expansion des tribunaux. En tant qu’ancien agent de probation participant au tribunal chargé de la toxicomanie de Calgary, j’ai vu les répercussions de la toxicomanie sur les personnes, les familles et les communautés, ainsi que les coûts associés aux crimes qui découlent de la toxicomanie. J’ai également pu constater les effets positifs des tribunaux chargés de la toxicomanie sur les participants et les possibilités de guérison et de réconciliation qu’offrent ces programmes.
Les tribunaux chargés de la toxicomanie sont une institution fondée sur des données probantes et offrent une approche équitable, ferme et compatissante pour traiter les dépendances et s’attaquer efficacement aux causes sous-jacentes de la criminalité liée à la drogue. À l’échelle internationale, les tribunaux chargés de la toxicomanie sont des entités établies qui suivent des normes et des principes de fonctionnement communs, qui ont démontré leur efficacité depuis plus de 30 ans. Ils utilisent une procédure judiciaire non accusatoire pour tenir les participants responsables de leurs comportements criminels, tout en offrant des programmes de traitement de la toxicomanie individualisés.
Ces tribunaux multidisciplinaires mettent à contribution des juges, des services de poursuite fédéraux et provinciaux, des services judiciaires et de probation, la police, l’aide juridique, des avocats de service et des fournisseurs de traitements et de services communautaires. Ces tribunaux aident les délinquants à briser le cycle du comportement criminel engendré par leur toxicomanie grâce à des programmes de traitement de la toxicomanie et des interventions comportementales. Les participants qui risquent d’être condamnés à de lourdes peines d’emprisonnement pour des délits liés à la drogue ont la possibilité d’éviter une peine de prison en suivant ce programme. Ils doivent rendre des comptes par le biais d’une supervision judiciaire, de tests de dépistage de drogues fréquents et aléatoires, et grâce à un système de sanctions et de récompenses. Ils sont soutenus par une équipe de professionnels, notamment des professionnels de la dépendance, de la santé mentale et des services correctionnels, qui adaptent les programmes de traitement et les interventions aux besoins des participants.
Le parcours d’un participant dans un tribunal chargé de la toxicomanie comprend un traitement intensif de la toxicomanie, une prévention permanente des rechutes, des programmes pour la santé mentale, un soutien médical, une aide au logement et à l’emploi, ainsi qu’une formation aux compétences de la vie quotidienne. Cette aide est offerte en plus des interventions qui ciblent les attitudes et les comportements criminels des participants. Il est important de noter qu’un tribunal chargé de la toxicomanie ne se contente pas d’envoyer un participant en cure de désintoxication.
Le succès du programme réside dans sa capacité à traiter la dépendance et le comportement criminel comme des problèmes distincts, mais liés. Lorsque les tribunaux chargés de la toxicomanie suivent les principes et les normes établis, leur capacité à s’attaquer aux facteurs qui mènent à la toxicomanie et à la récidive criminelle est très élevée. En Alberta, notre premier tribunal chargé de la toxicomanie a vu le jour en 2005, à Edmonton, et le deuxième a ouvert ses portes à Calgary en 2007. Ces deux tribunaux adhèrent étroitement à ces principes et pratiques exemplaires et sont considérés comme la référence en la matière. Depuis leur création, ils ont indiqué que 70 % de leurs participants n’avaient commis aucun crime après avoir terminé le programme. En général, les participants aux tribunaux chargés de la toxicomanie présentent de faibles risques de dépendance, qu’ils aient terminé le programme ou non. Et ceux qui n’obtiennent pas leur diplôme quittent le programme avec un risque moindre de retomber dans la dépendance et de récidiver.
Les tribunaux chargés de la toxicomanie ont confirmé leur rentabilité sur le plan social. Ce que je veux dire, c’est que pour chaque dollar investi dans les tribunaux chargés de la toxicomanie, nous constatons des avantages sociaux importants, tant pour les participants que pour l’ensemble de la collectivité. À titre d’exemple, le tribunal chargé de la toxicomanie de Calgary estime que son programme peut contribuer à éviter jusqu’à 7 millions de dollars par an en coûts potentiels d’incarcération. En outre, le tribunal chargé de la toxicomanie de Calgary estime que son programme permet à sa collectivité d’économiser au moins 15 millions de dollars par an, rien que pour les biens volés.
Malgré ces succès, les tribunaux chargés de la toxicomanie peuvent rencontrer des difficultés pour s’établir. Historiquement, les nouveaux tribunaux chargés de la toxicomanie se développent lentement, grâce à des initiatives locales dans des collectivités motivées. Une fois opérationnels, ces tribunaux ont souvent du mal à trouver un soutien constant et un financement stable pour leur fonctionnement. En raison de leur structure définie, ils ont besoin de certains services de soutien locaux en place. Sans ces services, les tribunaux chargés de la toxicomanie peuvent échouer. Cela peut avoir des effets sur les petites communautés, qui peuvent manquer des services de soutien essentiels nécessaires au fonctionnement de ces tribunaux. C’est en tenant compte de ces réussites et de ces défis que l’Alberta a élaboré un programme visant à mettre en place des tribunaux chargés de la toxicomanie dans les communautés rurales et les petites communautés éloignées.
Les tribunaux chargés de la toxicomanie feront partie du système de soins provincial axé sur le rétablissement vers lequel le gouvernement de l’Alberta effectue une transition. En 2019, le gouvernement de l’Alberta a engagé 20 millions de dollars sur quatre ans pour créer le premier programme provincial de tribunaux chargés de la toxicomanie au Canada, fondé sur des normes et des principes homogènes. Le programme permet l’expansion des services des tribunaux chargés de la toxicomanie de manière planifiée et systématique, et prévoit l’ouverture de cinq nouveaux tribunaux chargés de la toxicomanie pour aider les communautés rurales et éloignées à l’extérieur d’Edmonton et de Calgary, ainsi que le financement et le soutien nécessaires à leur bon fonctionnement.
Notre programme provincial est soutenu par un membre de la communauté des tribunaux chargés de la toxicomanie. Il fournit des conseils pour la mise en place des nouveaux tribunaux et travaille avec les communautés et les intervenants pour sensibiliser et former les membres sur leur rôle au sein des programmes. Dans le cadre du plan d’expansion, nous avons créé un cadre provincial qui établit les normes et les principes que doivent respecter les tribunaux chargés de la toxicomanie en Alberta. Ce cadre contient également un modèle provincial de tribunal chargé de la toxicomanie, inspiré des programmes existants de Calgary et d’Edmonton. Ce modèle constitue une base pour les nouveaux tribunaux chargés de la toxicomanie, qui peut être adaptée aux besoins de chaque collectivité.
La supervision fait également partie du programme provincial et repose sur un solide processus d’évaluation, créé pour évaluer les résultats des tribunaux chargés de la toxicomanie et améliorer leur prestation de programmes. L’expansion provinciale vise à accroître l’accès aux services des tribunaux chargés de la toxicomanie dans toute la province, en particulier dans les régions rurales et éloignées.
Au cours de la première phase de notre expansion, nous avons doublé la capacité des tribunaux existants de Calgary et d’Edmonton, la faisant passer de 20 à 40 participants par an chacun. Dans la deuxième phase, nous avons commencé par évaluer les besoins et le degré de préparation des communautés pour de nouveaux tribunaux. Nous avons constaté qu’il y avait de nombreux besoins dans toute la province, mais nous nous concentrons d’abord sur les collectivités qui disposent des structures et des services nécessaires pour accueillir un tribunal chargé de la toxicomanie.
Jusqu’à maintenant, nous avons ouvert deux nouveaux tribunaux au cours de la dernière année : le tribunal chargé de la toxicomanie de Lethbridge a ouvert ses portes en novembre dernier, le premier à être au service des collectivités à l’extérieur de Calgary et d’Edmonton; le tribunal chargé de la toxicomanie de Medicine Hat a ouvert ses portes en janvier, et les deux tribunaux fonctionnent déjà avec des participants actifs. Notre objectif est de mettre en place les trois autres nouveaux tribunaux d’ici le milieu de l’année 2022, soit celui de Red Deer, dont l’ouverture a été annoncée l’année dernière, ainsi qu’à deux autres emplacements que nous étudions. Au cours de la dernière phase de l’expansion, nous examinerons comment les services des tribunaux chargés de la toxicomanie peuvent être offerts à des communautés encore plus petites dans les régions rurales et éloignées de l’Alberta, qui ne disposent peut-être pas des services nécessaires pour soutenir complètement un tribunal chargé de la toxicomanie sous sa forme traditionnelle.
Ce projet provincial exige un travail considérable de la part des acteurs du tribunal chargé de la toxicomanie, et nous sommes reconnaissants de l’appui exceptionnel reçu jusqu’à présent de notre magistrature, du Service des poursuites pénales du Canada, de Legal Aid Alberta, du ministère de la Justice et du Solliciteur général, du ministère de la Santé mentale et des Dépendances et du Alberta Health Services. Les collectivités locales nous ont également beaucoup aidés, et les conseils municipaux, les groupes communautaires et les organismes locaux de justice et de lutte contre les dépendances ont manifesté un vif intérêt. Leur soutien est essentiel à l’expansion et au succès des tribunaux chargés de la toxicomanie et de leurs participants, à la sécurité de nos communautés et à l’amélioration de la vie des Albertains.
Loretta O’Connor : Il est encourageant de voir les mesures prises pour briser le cycle de la criminalité motivée par les dépendances et pour fournir aux personnes l’aide dont elles ont besoin pour la prise en charge de leur problème. Il y a en Alberta de nombreuses pratiques prometteuses pour aider à régler les problèmes de dépendances.
Pour conclure, nous allons de nouveau donner la parole au ministre délégué Jason Luan qui discutera du nouveau modèle axé sur la guérison avec des personnes qui sont en première ligne pour offrir le soutien et les services dans le cadre du nouveau modèle axé sur la guérison… et nous verrons aussi quels sont les effets des changements opérés par l’Alberta sur la vie des personnes qui souhaitent entreprendre une telle démarche.
Ministre délégué Jason Luan : Le Dr Nathaniel Day, directeur médical du programme virtuel de dépendance aux opioïdes du Alberta Health Services, se joint à nous pour cette dernière partie du balado et nous parlera de la mise en place d’un système de soins axé sur le rétablissement en Alberta. Le Dr Day travaille à Ponoka dans la zone du Centre de l’Alberta. Se joindront également Lerena Greig, directrice générale de la Parents Empowering Parents Society à Sherwood Park, Earl Thiessen, directeur général de la Oxford House Foundation à Calgary et finalement ce sera au tour de Stacey Petersen, coprésidente de l’Alberta Addiction Services Providers et directrice générale du Fresh Start Recovery Center de Calgary. Merci à tous d’avoir pris le temps de nous donner un peu plus de détails sur ce qui se passe dans le domaine, en Alberta. J’aimerais commencer la discussion par une question. Dr Day, l’Alberta compte plus de 20 cliniques de traitement des opioïdes. Alors, pourquoi lancer un programme virtuel?
Dr Nathaniel Day : Merci pour cette question, Monsieur le Ministre. Même s’il existait des cliniques en Alberta, nous avons constaté que, trop souvent, ces cliniques étaient regroupées dans les noyaux des grands centres urbains. De plus, elles exigeaient généralement que leurs patients laissent tout tomber – travail, obligations familiales et ainsi de suite – pour se rendre à la clinique afin d’y recevoir des soins. Nous avons réalisé que si nous voulions vraiment nous attaquer à la dépendance aux opioïdes, nous devions rendre le traitement aussi accessible que possible, à autant de personnes que possible, peu importe où elles vivent. Aujourd’hui, en Alberta, grâce au soutien du gouvernement, toute personne qui consomme des opioïdes dans la rue peut appeler un numéro sans frais et commencer un traitement sur-le-champ, peu importe où elle vit. Aux dernières nouvelles, le programme virtuel a aidé des gens dans plus de 270 communautés. Notre programme a permis de réduire le nombre d’overdoses, de comportements à haut risque comme l’injection et le partage de seringues, d’admissions aux urgences et à l’hôpital pour quelque raison que ce soit, et il a aussi aidé à augmenter l’emploi et à réduire le nombre de nouvelles poursuites pénales. Nous notons des améliorations significatives de la qualité de vie des personnes.
Ministre délégué Jason Luan : En juin de l’année dernière, le gouvernement de l’Alberta a accordé un financement de 4 millions de dollars au programme virtuel. Alors comment s’est déroulé le développement du VODP depuis lors?
Dr Nathaniel Day : Je suis ravi d’annoncer que le financement supplémentaire accordé au VODP a permis d’améliorer notre service de plusieurs façons importantes. Premièrement, nous n’avons plus de temps d’attente. Notre temps d’attente moyen est nul, et nous n’avons jamais servi autant de personnes. Depuis cet investissement, le nombre de personnes que nous avons aidées a augmenté de 60 %. Nous sommes non seulement en mesure d’aider les personnes qui appellent pour commencer un traitement le jour même, mais nous utilisons ce financement pour créer et améliorer un service de transition. Nous ne voulons pas que quelqu’un passe entre les mailles du filet en matière de soins de santé. Surtout lorsqu’il s’agit d’un problème qui met sa vie en danger et qui a des répercussions sur la communauté comme la dépendance au fentanyl. Nous voulons combler les lacunes.
Si une personne se présentait par exemple aujourd’hui aux urgences avec une overdose, le médecin des urgences pourrait commencer à lui administrer un traitement médicamenteux et nous envoyer une note rapide. Nous pendrons alors ce transfert des soins et nous communiquerons sans délai avec la personne avant l’échéance de sa prochaine dose de traitement. Nous l’aiderions à définir les prochaines étapes de son traitement et la mettrons en contact avec les ressources locales appropriées.
Un autre exemple est celui d’une personne qui sort de prison ou d’une cure de désintoxication. Ou peut-être qu’elle est dirigée vers un centre de traitement en personne où il n’y a pas de médecin spécialisé en toxicomanie. Nous pouvons aider ces personnes à obtenir les soins dont elles ont besoin, quel que soit leur lieu d’hébergement. Nous pouvons assurer leur transition jusqu’à ce qu’elles rentrent chez elles et s’installent à long terme. Nous aidons même les personnes qui ont désespérément besoin d’aide et qui utilisent des sites de réduction des risques ou qui vivent dans des refuges. Et bien sûr, nous savons que les communautés rurales et éloignées ont également besoin de services de traitement à long terme, alors nous le faisons aussi. Comme vous le savez, le traitement de la toxicomanie n’est pas une démarche uniforme. Nous savons que si nous aidons tous les éléments à mieux fonctionner ensemble, les gens s’en porteront mieux et nos communautés en bénéficieront.
Ministre délégué Jason Luan : Merci Dr Day. Je vais maintenant passer à la prochaine intervenante, Lerena. Lerena, dites-nous ce qu’est l’association « Parents Empowering Parents ».
Lerena Greig : Alors, Parents Empowering Parents, la société PEP ou PEP comme nous aimons l’appeler, existe depuis plus de 17 ans, et a été fondée dans le comté de Strathcona, en Alberta. Elle offre des programmes novateurs gratuits aux familles et aux aidants qui ont un proche en situation de toxicomanie ou de dépendance active. Ces programmes sont animés par des professionnels formés dans le domaine des dépendances et du rétablissement, des soins tenant compte des traumatismes, de l’expérience fondée sur le savoir et de l’expertise.
Ministre délégué Jason Luan : Nous vous avons accordé une subvention liée à la pandémie de COVID, ou une subvention communautaire, devrais-je dire. Comment cela vous a-t-il aidé à fournir plus de services à la communauté?
Lerena Greig : Eh bien, nous avons été en mesure d’étendre nos services. Ainsi, avant la COVID-19, nos services étaient offerts à trois endroits : la capitale Edmonton et sa région, Sherwood Park et St-Albert. La subvention liée à la COVID-19 nous a permis d’étendre nos services à l’ensemble de l’Alberta. Nous avons ajouté une réunion virtuelle permanente, ce qui éliminera les obstacles liés à l’emplacement et au transport, de sorte que tout le monde dans les communautés rurales et les communautés plus importantes sera en mesure d’accéder aux services offerts par la PEP.
Ministre délégué Jason Luan : Merci, Lerena. Et maintenant, je vais poser quelques questions à Earl. Earl, je respecte beaucoup les gens qui se rétablissent. Parlez-nous de votre parcours.
Earl Thiessen : Mon parcours a commencé lorsque j’étais un jeune homme, un adolescent souffrant de multiples traumatismes tout au long de sa vie, et ne sachant pas comment y faire face. Il y a beaucoup de choses qui arrivent aux hommes et aux jeunes dont on ne parle pas ouvertement. Et finalement, eh bien, pour moi, c’était un traumatisme mental, affectif, physique et sexuel que j’avais vécu.
Finalement, cela m’a conduit à la rue. J’ai été sans abri pendant sept ans, j’ai tenté plusieurs fois de suivre un traitement, et j’ai essayé plusieurs fois d’entrer en désintoxication. L’accès n’était pas facile à l’époque. Il fallait parfois retourner trois ou quatre fois dans des centres de désintoxication, juste pour y entrer. Et l’une de mes plus grandes craintes était le sevrage, n’est-ce pas? Quand on vit avec une dépendance aux médicaments et à l’alcool, les sevrages sont assez douloureux. La désintoxication médicale était donc la clé pour moi. Quand je suis entré en désintoxication, en fait, l’une des raisons qui m’ont poussé à me rétablir pour moi-même a été le meurtre de ma compagne en 2007. Les derniers mots que je lui ai dits, c’était lors d’une dispute, en fait, et je n’ai jamais eu l’occasion de m’excuser, mais je porte ça encore.
Mais finalement, j’ai fini par être arrêté – 11 mandats d’arrestation, je me suis retrouvé devant un juge de paix avec ces 11 accusations, et j’ai été honnête avec lui, je lui ai expliqué que, vous savez, j’avais des problèmes de dépendance. J’essayais de faire face au meurtre de ma partenaire. Et je n’avais pas les outils. Je ne savais pas comment me regarder en face, mais j’étais prêt à me mettre dans cette position. Je lui avais mentionné son nom, il en avait entendu parler à Edmonton. Et il a dit qu’il allait me libérer contre promesse de comparaître.
Alors j’ai saisi cette chance. Je me croisais les doigts, car je m’étais rendu à ce centre de désintoxication de nombreuses fois dans le passé et on m’en avait toujours refusé l’accès. Mais par chance, quand j’y suis allé, mes symptômes de manque ont commencé à se faire sentir. Et je m’y suis fait admettre, ce qui était rare, la facilité d’accès était extrêmement difficile à l’époque, et les gens ne se font admettre que lorsqu’ils sont prêts. Mais on ne sait jamais quand on est prêt. Enfin, j’ai été accepté. J’étais déjà sur une liste d’attente pour un traitement et la date du traitement était fixée à deux mois plus tard. J’étais absolument terrifié à l’idée de retourner dans la rue en attendant, sans savoir si j’arriverais à la date prévue pour le traitement.
Et c’est une énorme différence par rapport à la situation actuelle, depuis que ce gouvernement a commencé à soutenir le rétablissement et la santé mentale. Le paysage a changé du tout au tout. Si j’avais eu la possibilité de le faire à l’époque, vous savez, les nombreuses fois où j’ai essayé de suivre un traitement, en craignant les coûts et en me demandant d’où viendrait l’argent. Vous savez, j’aurais probablement quitté le centre de traitement ce jour-là si… c’est juste que beaucoup de choses se sont alignées pour moi et maintenant tout est aligné, et la transition est beaucoup plus facile quand il est temps de se faire face. C’est un grand pas pour une personne de faire la queue pour entrer en désintoxication, d’être capable d’avoir accès à la désintoxication et d’avoir accès à un traitement immédiat, c’est énorme. C’est un bouleversement. Et c’est de cela qu’il s’agit en ce moment.
Ministre délégué Jason Luan : Que fait la Fondation Oxford House pour le rétablissement?
Earl Thiessen : Nous sommes des logements de rétablissement soutenus par des pairs. Nous avons maintenant plusieurs modèles. Maintenant que nous savons que l’accent est mis sur le rétablissement, l’objectif est d’amener les gens au traitement quand ils sont prêts et quand ils le demandent. Nous avons donc intégré l’hébergement avant traitement dans le modèle de la Fondation Oxford House. Le suivi, c’est ce dont nous nous occupons. Nous avons 15 maisons à Calgary, qui accueillent les gens qui veulent y vivre, sans limites de temps pour la durée du séjour. Et c’est un véritable cadeau du ciel pour beaucoup de gens. Je veux dire, quand ils quittent le traitement, et qu’ils se demandent quelle est la prochaine étape. On ne peut pas retourner au même endroit où on était avant de commencer son traitement, on est plus la même personne. Une grande partie de l’attention portée à la santé mentale consiste à aider les gens à guérir. Lorsque j’ai suivi des traitements, les quatre premières fois, j’y suis entré et en suis sorti aussi vite.
Grâce au soutien du gouvernement de l’Alberta, le paysage a changé à Oxford House. Nous parlons ouvertement de rétablissement, de santé mentale. Vous savez, le rétablissement des Autochtones, c’est énorme. Le gouvernement est un grand partisan de cette cause. Oxford House est maintenant le plus grand modèle au pays de logement pour le rétablissement des Autochtones soutenu par les pairs et la culture. Et le soutien est là maintenant. Nous existons depuis 24 ans. Ces deux dernières années, nous avons déplacé des montagnes en ce qui concerne la croissance et la sensibilisation à tous les aspects du rétablissement.
Ministre délégué Jason Luan : Merci, Earl. C’était fantastique. Maintenant, je vais poser la question à Stacey. Fresh Start Recovery Center est connu comme un fournisseur de traitement de catégorie OR en Alberta. Stacey, parlez-nous de votre organisme et de vos services.
Stacey Petersen : Le Fresh Start Recovery Center est un centre de traitement de 50 lits pour les hommes et les familles. Nous sommes établis à Calgary depuis 29 ans. Nous avons été sélectionnés comme l’un des meilleurs centres de traitement au Canada par l’Institut Fraser plusieurs années de suite. Charity Intelligence de Toronto est un organisme de bienfaisance cinq étoiles, prix de Calgary, prix de Bhayana. Tout cela semble formidable, mais c’est complètement lié au rétablissement qui se produit dans notre établissement. Je travaille dans le domaine depuis plus de 30 ans, et nous avons eu l’occasion de travailler avec de nombreux gouvernements, généralement sur le plan financier, mais je n’ai jamais vu un gouvernement se mobiliser pour soutenir un système de soins axé sur le rétablissement comme l’a fait celui-ci. Pour vous donner une idée, avant que le gouvernement actuel n’entre en fonction, sur nos 50 lits, et nous sommes un organisme de catégorie OR, reconnu à l’échelle nationale, avec d’excellents résultats de traitement, environ cinq fois plus élevés que la moyenne de l’industrie, nous ne disposions de financement que pour un seul lit. Le gouvernement actuel a donc annoncé en février 2020 qu’il allait financer 30 de nos lits de traitement. Pour nous, c’est un facteur de différence absolu et ces 30 lits de traitement sont gratuits pour les Albertains.
Vous n’avez pas idée de l’effet que cela produit lorsque quelqu’un prend le téléphone et dit, vous savez, est-ce que je dois réhypothéquer ma maison, est-ce que je dois… quel genre d’argent dois-je rassembler pour que mon fils puisse suivre un traitement? Et nous sommes en mesure de dire, c’est bon, vous n’avez pas à le faire, la province le prend en charge.
Ministre délégué Jason Luan : Stacey, vous êtes également coprésidente de l’Alberta Addiction Service Providers, qui représente tous les fournisseurs de services en Alberta. Dites-nous en quoi consistent vos fonctions à ce poste.
Stacey Petersen : Moi-même et Kim Turgeon, directrice générale d’Aventa à Calgary, une organisation remarquable pour le traitement des femmes, nous coprésidons l’Alberta Addiction Service Providers et nous siégeons à son conseil d’administration, ainsi qu’à celui de Recovery Access Alberta. Cette organisation, l’Alberta Addiction Service Providers, regroupe plus de 30 organismes dédiés au rétablissement, et c’est un espace où nous pouvons collaborer, partager des pratiques exemplaires, où nous pouvons, vous savez, prendre une solution et créer une voix plus forte pour les organismes qui font le travail sur le terrain.
Encore une fois, le gouvernement provincial s’est levé et a dit : « Hé, c’est une occasion fantastique de s’associer à un groupe de personnes et d’organismes qui représentent des milliers d’Albertains et qui font un travail phénoménal sur le terrain ». Je lève donc mon chapeau au gouvernement provincial pour ce qu’il a fait. Je pense que si vous êtes un Albertain et que vous avez quelqu’un dans votre vie qui est touché par un problème de dépendance, et c’est le cas pour nous tous, il n’y a pas un seul d’entre nous qui est immunisé. Nous sommes tous concernés. Nous connaissons tous quelqu’un, nous avons tous quelqu’un dans notre vie. Je vous dirais de soutenir à 100 % la trajectoire de ce gouvernement dans ce domaine et nous verrons une différence marquée dans cette province. Et ça semble juste, ça résonne avec chacun d’entre nous.
Ministre délégué Jason Luan : Merci à tous pour votre importante contribution aux échanges d’aujourd’hui. Avant de conclure, je tiens à dire que les propos d’aujourd’hui ont vraiment aidé tout le monde à mieux comprendre ce que l’Alberta offre aux personnes qui vivent avec un problème de dépendance ou de santé mentale. Et le message est très clair : l’espoir est là et le système de soins axé sur le rétablissement est là avec vous.
Si je devais résumer cette approche en quelques mots clés, je dirais ceci : le rétablissement est possible, le rétablissement est un cheminement personnel, le rétablissement inclut la famille, les pairs, le milieu de travail et les communautés.
Ce message s’adresse à toute personne qui traverse une période difficile et qui envisage de demander de l’aide. Vous pouvez faire ce premier pas, si vous êtes prêt. Vous pouvez trouver la guérison et la compassion dans notre modèle albertain.
Pour commencer sur la voie du rétablissement, vous pouvez appeler la ligne téléphonique Addiction Helpline au 1 866 332-2322, ou la Mental Health Helpline au 1 877 303-2642 ou simplement composer le 211. Les personnes à l’autre bout du fil vous guideront pour trouver les ressources dont vous avez besoin. Pour connaître toutes les ressources disponibles, vous pouvez consulter notre site Web, à l’adresse alberta.ca/mentalhealth. L’aide est à portée de main et vous n’avez pas à souffrir. N’hésitez pas à tendre la main. Merci.
Loretta O’Connor : Merci à tous nos invités et intervenants de l’Alberta : le premier ministre Jason Kenney, le ministre Jason Luan, Matthew Reid, le Dr Nathaniel Day, Lerena Greig, Earl Thiessen et Stacey Peterson. À tous, merci d’avoir partagé ces pratiques prometteuses et ces perspectives intéressantes sur les initiatives de prise en charge des dépendances et des problèmes de santé mentale, et de nous avoir renseignés sur les changements qui ont cours en Alberta.
La semaine prochaine, notre série de balados se transportera au Nunavut, où nous pourrons en savoir plus sur les programmes de guérison offerts aux gens du Nunavut. Nous verrons alors en quoi consistent les approches adoptées par le Nunavut pour réduire la stigmatisation souvent associée à la recherche de soutien en matière de santé mentale et de dépendances, et nous découvrirons des moyens novateurs de soutenir ceux qui en ont besoin, en particulier les jeunes.
Je vous invite à vous joindre à nous la semaine prochaine pour une autre pratique prometteuse dans le domaine de la santé mentale et des dépendances.